Douleureux souvenirs au Togo
18 octobre 2018A Bè-Kpota, fief réputé de l’opposition à Lomé, tout semble normal en ce jour. Mais pas chez la famille Zoumekey qui a perdu Joseph, son fils de 13 ans, élève en classe de 6ème, tombé sous une balle mortelle des forces de l’ordre il y a un an jour pour jour.
"J’ai été approchée par les voisins du quartier en pleurs, qui m’ont montré sur leur téléphone portable la photo de mon fils sur un brancard, gisant dans le sang. Le choc fut terrible", se souvient Afi Adone, mère de la victime. Ce jour-là, le Togo connaissait un vaste mouvement de protestation populaire à l’appel des partis politiques de l’opposition pour réclamer des réformes constitutionnelles. Un œil sur le rapport d’autopsie conclut que "le corps de Zoumekey Joseph présente des lésions d’une mort violente par arme à feu". Cependant, on ignore qui a tué le jeune Joseph et qui a donné l’ordre de commettre un tel acte. Mais le père de l'enfant reste aujourd'hui déterminé et se bat pour le découvrir.
"Au lieu de nous dire clairement la vérité dès le début de l’affaire, ils préfèrent tourner autour du pot. Ils espèrent que nous allions récupérer le corps de notre enfant et l’enterrer et le dossier sera clos. Non. Ce ne serait pas ainsi. Nous n’avons pas confiance en notre justice mais je veux être optimiste en lui confiant cette responsabilité. Nous voulons savoir qui a tiré sur mon fils", martèle Yawo Zoumekey, le père de la victime.
Au siège de Amnesty International Togo où l'on suit de très près l’affaire, on veut croire en la sincérité des autorités judiciaires. Aimé Adi est le directeur d'Amnesty International au Togo.
"La famille a attendu près d’un an pour avoir les résultats de l'autopsie. Le procureur a bouclé le dossier mais l'enquête piétine. Rien n'a été fait dans le dossier qui démontre effectivement que les autorités ont envie d'aboutir à la vérité sur les raisons qui ont amené au décès de Jojo Zoumekey », regrette-t-il. Et d’ajouter que " le facteur d'impunité est lié au manque de volonté des autorités de pouvoir aider les victimes à retrouver justice".
Autres personnes tuées
On citera entre autres Anselme Sinandaré, Douti Sinanlengue et Rachad Agrignan, tous de jeunes élèves tués au nord du Togo entre 2013 et 2017. Des plaintes sont déposées. Mais depuis, rien ne se profile à l’horizon. Et pour cause. La priorité de l’heure demeure sans nul doute les élections locales et législatives prévues pour décembre prochain.