Lutte contre le paludisme, la mobilisation continue
25 avril 2023Clarisse N’Guessan sort d’une consultation avec son bébé de l’hôpital général Houphouët Boigny d’Abobo nord. Depuis plusieurs jours, l'enfant à une forte fièvre. Après le diagnostic du médecin, il souffrirait du paludisme. "Ils l’ont traité, ils m’ont donné les médicaments. Ça va on s’en va à la maison. C’est gratuit quoi", témoigne au micro de la DW, Clarisse N’Guessan.
Taux élevé de mortalité
Si la Côte d’Ivoire progresse dans ses objectifs de lutte contre cette maladie, dans ce quartier populaire et précaire d’Abobo situé au nord de la capitale économique ivoirienne, propice à la prolifération des moustiques, plus de 6700 cas et 11 décès ont été enregistrés pour le premier trimestre de cette année.
Le docteur Justine Kossonou appartient au service pédiatrie de l'hôpital général Félix Houphouët-Boigny d'Abobo Nord. "Plus de 50% des patients que nous recevons ici souffrent du paludisme" déplore-t-il.
Une situation qui s’explique notamment par le comportement des patients, soutient le docteur Justine Kossonou.
"Les parents des patients ne respectent pas les posologies des médicaments que nous leur prescrivons. Il y’a aussi le retard des consultations dans les centres de santé et puis la mauvaise utilisation des moustiquaires imprégnées", affirme-t-il.
Démoustification
À quelques encablures, une grande fumée blanche attire notre attention. En s’approchant, on se rend bien compte que ce n’est pas une fumée de cuisine encore moins celle d’un feu de brousse. C’est plutôt un puissant insecticide, pulvérisé ici par des agents de l’institut national d’hygiène publique.
"Nous sommes ici dans le cadre de la campagne de démoustication qui a été initiée par le ministère de la santé et de l’hygiène publique. Nous pulvérisons cette fumée pour détruire les moustiques adultes", renseigne Didier Koizan du programme national de lutte contre le paludisme.
Le quartier Anador dans la commune d’Abobo n'est pas épargné. Domicile, rues, magasins, caniveaux, déchets pneumatiques, tout a été pulvérisé à la grande joie des habitants.
"Nous pensons qu' après cette opération nous allons pouvoir dormir tranquille avec nos nouveaux bébés, les nouveaux nés" se réjouit Seydou Dosso qui estime qu'il y’a "trop de moustiques".
Sensibilisation
En pleine tournée dans les rues du quartier Samanké, toujours dans la commune d’Abobo, Rita Kouamé de l’ONG "Bien-vivre, mon bien-être" tente pour sa part de sensibiliser les riverains.
"Vous voyez le caniveau qui est là devant vous, c’est bouché, c’est sale. On est venu vous dire que c’est tout ça –là qui fait que le paludisme augmente" explique la jeune femme.
Mais sur le terrain, vers le quartier SOGEPHIA toujours dans la commune d’Abobo, Rita constate également de mauvaises pratiques.
"Comme ce que vous constatez, les moustiquaires sont utilisées pour clôturer les jardins (les potagers). Maintenant c’est toujours continuer la sensibilisation, parler, informer la population sur les réalités du paludisme. On se dit que ça va aller."
Un optimisme que partagent les autorités ivoiriennes. Le pays s’est engagé dans la campagne zéro paludisme soutenu par l’organisation mondiale de la santé et ses partenaires. Mais il y’a encore du travail à faire. Car cette maladie, perçue comme bénigne, parce que trop familière, tue chaque jour en Côte d’Ivoire quatre personnes, dont trois enfants de moins de 5 ans.
La RDC, un autre exemple
Dans la ville de Lubumbashi, dans le sud de la République démocratique du Congo, où le nombre de malades de paludisme est important, ce sont les femmes enceintes et les jeunes enfants qui sont particulièrement touchés. Le docteur Guylain Kikunda est le coordonnateur provincial du programme de lutte contre le paludisme dans la province du Haut-Katanga. Selon lui pour arriver à atteindre l’objectif de zéro cas de paludisme et protéger les femmes enceintes il faut veiller à utiliser les moustiquaires imprégnées d'insecticide et avoir une politique de salubrité efficace.
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