Un attentat déjoué en Allemagne
9 janvier 2023Le début de l'année a été marqué par des violences, en Allemagne. Notamment des violences contre des membres des forces de l'ordre et des pompiers, pris pour cibles par des jeunes dans la nuit de la Saint-Sylvestre. La ministre de l'Intérieur, Nancy Faeser, appelle à une action rapide de la justice pour rétablir "le respect".
Mais au-delà de cette forme de criminalité qui préoccupe la société allemande, c'est le risque d'attentat qui revient sur le devant de la scène depuis ce week-end.
Les auteurs radicalisés isolés
Une attaque terroriste peut arriver toujours "à tout moment". C'est ce qu'estime, en Allemagne, le ministre régional de l'Intérieur du Land de Rhénanie du nord-Westphalie, après l'arrestation, dans la ville de Castrop-Rauxel, de deux hommes soupçonnés de préparer un attentat.
Invité matinal de l'émission Morgenmagazin de la chaîne de télévision ZDF, le ministre régional Herbert Reul (CDU) pense qu'un attentat islamiste peut survenir n'importe quand du fait que les attaques sont désormais perpétrées par des "terroristes isolés" et donc plus difficiles à débusquer.
Néanmoins c'est bien un attentat en préparation que les autorités pensent avoir déjoué.
Attaque au poison
Deux frères de 32 et 25 ans ont été placés en détention provisoire. Ils sont suspectés d'avoir fomenté une attaque à l'aide de poison - cyanure et ricine.
Toutefois, aucune substance toxique n'a été trouvée lors de la perquisition de leur appartement mais de nombreux documents numériques ont été saisis.
Le plus jeune des deux suspects avait été condamné en 2019 à sept ans de prison pour tentative de meurtre après avoir lancé une branche d'arbre depuis un pont, sur l'autoroute. Au bout d'un an et demi de détention, il a dû suivre une cure de désintoxication et a été placé dans un établissement psychiatrique.
Deux garages ont également été passés ce matin [09.01.2023] au peigne fin dans le cadre de l'enquête mais sans donner de résultat probant.
L'aîné des deux frères aurait fait part dans des chats sur internet de ses sympathies pour un mouvement sunnite radical. Les deux hommes sont arrivés d'Iran en Allemagne en 2015.
Radicalisation sur internet
La ministre de l'Intérieur Nancy Faeser (SPD) rappelle elle aussi, à l'occasion de cette affaire, que le danger que représente le terrorisme islamiste n'a pas disparu.
Deux groupes de population sont particulièrement surveillés pour leurs risques de rapprochement avec des mouvements terroristes islamistes : les anciens prisonniers et les auteurs potentiels d'attaques dits "isolés", qui agissent seuls ou en tout petits groupements, après s'être radicalisés sur internet.
L'aide de la CIA
L'opposition (CDU) critique, dans l'affaire des frères iraniens, le fait que les autorités allemandes aient dû être alertées samedi [07.01.2023] par le renseignement américain que les deux hommes avaient des activités suspectes sur internet, comme cela avait déjà été le cas dans une affaire similaire : en 2018, c'est déjà la CIA qui avait attiré leur attention sur un ressortissant tunisien qui projetait une attaque au poison depuis son appartement de Cologne.
En 2021, le renseignement allemand (Verfassungsschutz) estimait à 1.950 le nombre de personnes proche de l'islam radical qui représentaient un risque terroriste en Allemagne. Aujourd'hui, ils seraient moins de moins de 1.800.
Particulièrement surveillés : les militants islamistes radicaux sortis de prison, qui n'ont pas pu être déradicalisés et qui retrouvent leur milieu d'origine, où ils peuvent reprendre leurs activités, au moins en matière de propagande.
A noter toutefois : ces derniers temps, la menace terroriste identifiée en Allemagne provenait davantage de groupements d'extrême droite, comme celui des Reichsbürger, les "citoyens du Reich".