Allemagne: quel est le programme anti-immigration de l'AfD ?
18 juillet 2019Avec près de 13% des sièges au parlement fédéral, le parti AfD (Alternative für Deutschland - Alternative pour l’Allemagne) est le premier parti d’opposition en Allemagne. L’AfD constitue également une force significative au Parlement européenne et a réussi à faire progresser son nombre de sièges pour disposer actuellement de 13 eurodéputés.
Dans les prochains mois, la formation d’extrême-droite compte encore faire progresser son influence. Les sondages lui président en effet des résultats solides pour les élections régionales à venir dans le Land de Brandebourg, de Saxe et de Thuringe. La vice-présidente du parti Beatrix von Storch prédit que l’AfD deviendra le "numéro un à l’Est".
Souveraineté et frontières imperméables
Le principal objectif affiché par l’AfD est de stopper l’immigration. Le parti est fermement opposé aux politiques migratoires et d’accueil des réfugiés de la chancelière Angela Merkel, dans le cadre desquelles plus d’1,5 million de personnes sont arrivées dans le pays pour déposer une demande d’asile depuis 2015.
L’AfD veut changer la loi en Allemagne pour mettre fin au droit à un entretien individuel lors d’une demande d’asile. Le parti estime également que les étrangers dont la demande d’asile est rejetée doivent être expulsés immédiatement, peu importe si leurs pays d’origine sont considérés comme sûrs ou non.
Par ailleurs, la formation d’extrême-droite veut fermer les frontières de l’Union européenne et mettre en place des camps à l’étranger pour éviter que des personnes ne prenne la route pour rejoindre l’Allemagne.
Voici ce qu’affirmait l’AfD, dans une vidéo postée lors de la campagne pour les élections européennes :
- "L’asile est un droit d’hospitalité limité dans le temps, et un bon visiteur va éventuellement repartir, du moins en théorie. L’Union européenne absorbe des millions de migrants, alors que nos propres problèmes ne sont pas réglés. Cela ne peut être la réponse.
- Le fait que l’agence de protection des frontières Frontex ne ramène pas les migrants vers leur pays de départ mais les emmène à la place en Europe équivaut à dû trafic d’êtres humains.
- L’AfD appelle à la fin de l’immigration de masse, nous voulons quitter le Pacte mondial sur les migrations et soutenons le rapatriement des migrants. Nous refusons des quotas de réfugiés. L’AfD exige de la souveraineté et des frontières sûres."
D’après Beatrix von Storch, il est également important d’informer les migrants qu’ils ne seront pas autorisés à rester en Allemagne, bien que ce n’est pas le cas actuellement. Dans une récente interview à la Deutsche Welle, elle a affirmé que "nous voulons que les gens sachent que cela n’a pas de sens de venir ici en Allemagne parce qu’ils ne réussiront pas à entrer dans le pays. Je pense que c’est ce qui permet de sauver des vies."
Beatrix von Storch a aussi récemment suggéré que le ministre italien de l’Intérieur Matteo Salvini reçoive le prix Nobel de la paix, alors qu’il a décidé de fermer les ports au bateaux qui secourent les naufragés en Méditerranée.
La peur de l’islam
EN 2050, l’AfD assure que la population en Afrique aura progressé de 800 millions de personnes, ce qui veut dire que l’Allemagne doit s’attendre à l’arrivée de millions de migrants en Europe. En mai, sans fournir d’explications sur le chiffre, le parti a écrit sur son mur Facebook que "1,4 millions de personnes attendent leur billet d’entrée pour l’Allemagne et nous devrions payer pour eux ?"
L’argument principal de l’AfD pour une fermeture des frontières est souvent une supposée menace à l’identité nationale allemande. Le parti affirme que la politique migratoire de l’Europe est "un danger pour la civilisation européenne".
Si les affiches de campagne lors des européennes ne ciblaient pas directement l’islam, les membres du parti pointent régulièrement du doigt la migration des musulmans sur les réseaux sociaux et dans des déclarations publiques en expliquant que l’islam est la cause de "la marginalisation des population indigènes". Selon Beatrix von Storch, il y a une "augmentation du taux de criminalité au sein des groupes d’immigrés musulmans".
Changer de paradigme
Pour l’AfD, le droit d’asile international doit être revu et adapté à la nouvelle réalité des vagues migratoires mondiales. Le parti prône la souveraineté nationale pour que le Parlement allemand soit compétent pour décider qui peut être accepté dans le pays. L’AfD estime que les terroristes et ceux qui enfreignent la loi n’ont pas le droit à l’asile.
Dans le même temps, la formation d’extrême-droite affirme que l’Europe vole aux pays d’origine des migrants les personnes capables de reconstruire leurs pays, prônant davantage d’aide pour les régions concernées pour promouvoir la sécurité et éviter les départs. Apporter de l’aide à ces régions serait plus rentable financièrement d’après le parti que de "faire la promotion de l’immigration illimitée". Selon la vice-présidente du parti, accepter des réfugiés de zones touchées par "la guerre civile, la pauvreté ou tous les malheurs du monde" ne règlent pas le problème à la source.
Traduction du tweet : "C’est alarmant de voir que les politiques justifient que Carola Rackete (la capitaine du Sea Watch 3) se fasse justice elle-même, la loi est désormais négociable. Apparemment il vous suffit de faire assez de bruit dans les médias et faire du chantage moral." Björn Höcke, AfD de Thuringe
Provocations à répétition
Après le meurtre de Walter Lübke, un homme politique connu pour se position en faveur des migrants, l’AfD se retrouve sous pression. Walter Lübke a en effet été tué par un sympathisant d’extrême-droite. Le parti a été accusé de contribuer à un climat de haine dans le pays et a été vivement critiqué après qu’un député AfD ait suggéré que le gouvernement allemand devrait être tenu pour responsable du meute pour sa décision d’accepter trop de migrants dans le pays.
Un autre membre du parti a suscité l’indignation en déclarant que la mort de Walter Lübke est une "fiente d’oiseau" en comparaison au terrorisme de groupes islamistes radicaux et d’extrême-gauche. Une année auparavant, c’est le co-chef de l’AfD Alexander Gauland qui utilisait la même expression pour minimiser l’importance du nazisme dans l’histoire allemande. Ce même M. Gauland, n’avait pas hésité à commenter la photo d’un enfant migrant mort noyé : "Des yeux d’enfants ne doivent pas nous faire de chantage".
Auteure : Marion MacGregor
Traduction : Marco Wolter
Première publication sur InfoMigrants.com