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Les conflits et la pandémie ont renforcé les inégalités

29 mars 2022

Dans son dernier rapport, Amnesty International déplore la façon dont la communauté internationale a agi pour faire face aux dernières crises mondiales.

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Des combattants talibans en tenue traditionnelle
Des combattants talibans en tenue traditionnelleImage : Rahmat Gul/AP Photo/picture alliance

L’ONG a observé plus de 151 pays et constate que la réponse apportée aux conflits armés, mais aussi à la pandémie de Covid-19, ont renforcé les inégalités. Amnesty International dénonce aussi de multiples violations du droit international et des droits humains. 

Etats et groupes armés ont largement bafoué le droit international et humanitaire, les droits humains et commis des crimes de guerre en 2021, sans avoir à rendre de compte sur leurs agissements ni même être sanctionnés.

Les pires conflits évoqués par Amnesty International sont ceux en Syrie, au Yémen, en Afghanistan, au Myanmar, en Ethiopie, mais pas seulement. Markus N. Beeko, secrétaire général d’Amnesty International, lors de la présentation du rapport à la presse : 

La ville de Raga en Syrie
La ville de Raga en Syrie Image : Delil Souleiman/AFP/Getty Images

"Au Burkina Faso, en République démocratique du Congo, Cameroun, Mali, Niger, Mozambique, Somalie, Soudan du Sud ou République centrafricaine, Amnesty international a aussi recensé des crimes de guerre et d’autres violations graves du droit humanitaire international."

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Lorsqu’ils restent impunis, relève l’ONG, les massacres de civils, les viol ou l’esclavage sexuel utilisés comme arme de guerre alimentent les conflits.

L’invasion de l’Ukraine par la Russie a elle aussi été marquée par des crimes graves. Amnesty International salue les sanctions prises, l’élan de solidarité de l’Union européenne et du gouvernement allemand pour accueillir les Ukrainiens contraints de fuir à l’étranger. 

Mais l’ONG déplore que ces réactions soient l’exception face aux conflits. Elle appelle ainsi à ne pas oublier les victimes des autres guerres dont les droits sont régulièrement bafoués. 

Amnesty International dénonce par exemple le refoulement violent de demandeurs d’asile en Méditerranée, aux frontières de l’Europe, ou à celle entre les Etats-Unis et le Mexique. 

Protestation contre la guerre en Ukraine
Protestation contre la guerre en UkraineImage : Varuth Pongsapipatt/SOPA/ZUMA/picture alliance

Triste bilan en Amérique latine

Côté répression, c’est l’Amérique latine et les Etats caribéens qui détiennent le triste record d’assassinats de défenseurs des droits humains en 2021.

Mais dans au moins 57 des 151 pays passés à la loupe par l’ONG, le travail des défenseurs des droits humains, des avocats, des journalistes, de la société civile, voire des opposants politiques dans le monde a été fortement entravé, parfois réprimé (intimidations, arrestations arbitraires, interdictions de travailler, mauvais traitements...). 

Et pour légitimer cette répression, la lutte contre la pandémie de Covid-19 a souvent servi de justification. 

Annelen Micus travaille pour Amnesty International Allemagne. Elle étudie particulièrement l’économie, la crise climatique et les inégalités en matière de vaccination. 

Elle en appelle, pour combattre la pandémie, à un véritable effort de solidarité internationale de la part des gouvernements et de l'industrie pharmaceutique.

Au Sahel, les populations souffrent des attaques terroristes
Au Sahel, les populations souffrent des attaques terroristesImage : imago images/Joerg Boethling

"L'Afrique du Sud et l'Inde ont proposé dès octobre 2020 de libérer les brevets sur la Covid-19. Amnesty International réclame aussi de renoncer temporairement aux brevets sur les vaccins et les médicaments, ainsi qu'un véritable transfert de technologie. C'est seulement comme cela que les capacités de production pourront être renforcées partout dans le monde et qu'on pourra combattre efficacement la pandémie."

Malgré les engagements pris sur le papier par les grandes puissances, Annelen Micus souligne que les premières victimes de la pandémie sont les personnes déjà vulnérables ou discriminées dans les société, comme les femmes, les enfants, les sans-abris, les travailleurs étrangers ou les personnes âgées. 

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En Ouganda, par exemple, les autorités estiment que près de 30% des enfants vont devoir interrompre leur scolarité du fait de la pandémie. C'est à se demander, questionne Annelen Micus, si on ne considère pas qu'une personne riche, en Europe, n'a pas plus de droits qu’une personne pauvre dans le reste du monde.