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L'aspect humain bientôt de nouveau au centre du football ?

Jonathan Harding
7 février 2023

La santé, aussi physique que mentale, des footballeurs est de plus en plus mise à l'épreuve. Comment faire pour que l'humain soit de nouveau au centre de l'attention ?

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Raphaël Varane après la finale contre l'Argentine
Raphaël Varane fait partie de ces joueurs qui jouent beaucoup (trop).Image : Javier Garcia/Shutterstock/IMAGO

Il y a quelques jours, le défenseur francais Raphaël Varane a décidé de prendre sa retraite internationale, fatigué de la cadence des matchs. "Le très haut niveau, c’est une machine à laver, on joue tout le temps, on ne s’arrête jamais. On a des calendriers surchargés, on joue non-stop", a déclaré le joueur de 29 ans dans une interview accordée à Canal+, avant d'ajouter : "en ce moment, j’ai l’impression un peu d’étouffer et que le joueur est en train de bouffer l’homme."

Critiques ouvertes de la part des joueurs

Ce n'est pas la première fois qu'un joueur d'envergure aborde le sujet. En 2021, le gardien du Real Madrid Thibaut Courtois s'en était pris à l'UEFA, considérant que l'instance dirigeante du football européen traitait les footballeurs comme des "robots". De son côté, Ilkay Gündogan avait critiqué la réforme de la Ligue des champions, dont le nombre total de matchs passera de 125 à 189 en 2024 : "De plus en plus de rencontres...Personne ne pense aux joueurs ?", s'était interrogé l'international allemand. 

Le football, un secteur qui s'est déshumanisé

Pour Cody Royle, entraîneur australien qui travaille aujourd'hui comme conseiller auprès de coachs de Premier League, les propos de Varane et consorts ne sont pas si étonnants que ca. Si le désormais ex-international francais a fait le choix de mettre sa vie privée en avant au détriment de sa carrière, du prestige et de l'argent qui l'accompagnent, c'est parce que c'est ce qu'il lui a été appris au cours de ces dernières années : 

"Au sein des clubs, on familiarise les joueurs avec des concepts comme la pleine conscience, l'identité et le bonheur. Fatalement, ils réfléchissent et s'instruisent beaucoup à ce sujet", pose Cody Royle. "Il n'est donc pas surprenant qu'ils prennent conscience de ces choses en grandissant. Ils essaient de se réhumaniser dans un secteur qui s'est déshumanisé."

Une autre approche est possible

Pour ce qui est du bien-être des sportifs, le football est clairement en retard par rapport à d'autres disciplines. En Australie, chacune des 17 équipes de la Ligue nationale de rugby comporte deux managers pour le bien-être - l'un focalisé sur la carrière, l'autre sur les santés physique et mentale des athlètes. Un système loin d'être parfait pour l'instant mais qui a déjà fait ses preuves, notamment au niveau des performances sur le terrain. Une approche dont le football aurait bien besoin, selon Cody Royle : 

"Les joueurs et les entraîneurs craquent. Il faudrait une organisation phare qui montre qu'une autre voie est possible, avec une philosophie qui irait à l'encontre de ce que l'on voit aujourd'hui", estime le technicien australien.

Il y a donc urgence à réhumaniser le football, qui, ironiquement, n'est rien sans les êtres humains.

Cet article, originellement paru en anglais, a été traduit et édité par Ali Farhat.