Au Tchad, la répression de l’opposition avant le scrutin
1 mars 2021C'est un nouveau rebondissement dans la campagne présidentielle tchadienne pour l'élection du 11 avril prochain. Joint par la DW ce lundi 1er mars, un cadre de l'UNDR confirme le retrait définitif de la course à la présidentielle du candidat Saleh Kebzabo, l'un des principaux candidats de l'opposition. "L’atmosphère générale n’est pas indiquée pour des élections sereines", justifie ce membre du parti.
Ce retrait survient après la tuerie à son domicile, dimanche 28 février, de proches de l’opposant Yaya Dillo. La mère et le fils de cet ancien rebelle, ensuite devenu proche du président tchadien, ont été tués.
Selon Abdelkerim Yacoub Koundougoumi, directeur du bureau Afrique de l’ONG Internet sans frontières, "le cas malheureux au domicile de Yaya Dillo montre à suffisance le degré de violence que ce régime est prêt à atteindre pour pouvoir empêcher n’importe quel candidat crédible de pouvoir se présenter contre lui". Ce Tchadien de la diaspora, par ailleurs chercheur associé à l’Institut prospective et sécurité en Europe, ajoute que le pouvoir a alors "manigancé pour pouvoir l’en (Yaya Dillo) empêcher, même jusqu’à tenter de l’éliminer physiquement pour l’empêcher d’être candidat".
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Yaya Dillo introuvable
Yaya Dillo aurait été exfiltré de son domicile. Il était injoignable ce lundi, alors que le réseau téléphonique est très perturbé au Tchad. Sa position demeure inconnue selon le procureur de la République. Le parquet assure avoir ouvert une enquête pour meurtre afin d’élucider les conditions dans lesquelles la situation a dégénéré lors de la tentative d’interpellation de l’opposant Yaya Dillo.
Le ministre des Affaires étrangères, Amine Abba Sidick, a déclaré que Yaya Dillo "est revenu récemment et clandestinement à N'Djamena déposer sa candidature à l'élection présidentielle, probablement ainsi obtenir une protection de fait lui permettant de se soustraire aux poursuites judiciaires dont il est l'objet".
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Boulevard pour Idriss Déby à la présidentielle ?
À l'heure de publication de cet article, nous ne disposons pas d’informations crédibles qui confirment le retrait de Yaya Dillo de la course à la présidentielle.
Helga Dickow, experte à l'Institut Arnold-Bergsträsser de Fribourg en Allemagne, observe cependant que le président Idriss Déby durcit la répression pour mieux assurer sa victoire au scrutin d’avril. "L’intimidation est certainement un objectif. La répression en lien avec les élections n’est pas une chose nouvelle au Tchad", analyse cette spécialiste du pays.
Au sein du parti de Saleh Kebzabo on dénonce des conditions biaisées pour la bonne tenue du scrutin, conditions qui pourraient ouvrir un boulevard pour la réélection du président Déby. "Le boulevard le mène jusqu’à Paris", indique le cadre du parti de Saleh Kebzabo.
De son côté, l’analyste politique tchadien Abdelkerim Yacoub Koundougoumi, appelle la France à condamner ce qui se passe au Tchad et à ne surtout pas rester muette face à la violence.