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Au Tchad, Succès Masra rend sa démission

Blaise Dariustone
22 mai 2024

Succès Masra conteste la victoire de Mahamat Idriss Déby Itno à la présidentielle. La rupture est presque consommée entre les deux hommes.

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Tschad Bildkombo Succès Masra und Mahamat Idriss Deby Itno
Image : ISSOUF SANOGO/DENIS SASSOU GUEIPEUR/AFP/Getty Images

Succès Masra, a remis ce mercredi matin sa démission et celle de son gouvernement, alors que l’investiture du président élu, le général Mahamat Idriss Déby Itno, chef de la junte au pouvoir depuis trois ans, est prévue ce jeudi 23 mai 2024.

C’est par une lettre manuscrite que Succès Masra, a présenté sa démission et celle du gouvernement et ce, "conformément à la Constitution".

Candidat malheureux à l’élection présidentielle du 6 mai, Succès Masra n’a toujours pas félicité Mahamat Idriss Déby Itno pour sa victoire, et il conteste toujours les résultats proclamés.

Pour l’universitaire et politologue tchadien, Evariste Ngarlem Toldé, le refus de Succès Masra d’accepter sa défaite et de féliciter Mahamat Idriss Déby Itno, prouve la tension qui existe entre les deux hommes et le fait qu’une collaboration n’est plus possible pour l’instant. 

"La démission de Succès Masra à 24 heures de l'investiture de Mahamat Idriss Déby Itno soulève beaucoup de questions. Je crois que, jusqu'à présent, le Premier ministre sortant n'a pas digéré sa défaite. Parce que dans sa lettre de démission envoyée au président de la République, il manquait beaucoup de formules de politesse. Succès Masra se croit toujours le vainqueur de l'élection présidentielle du 6 mai. La cohabitation entre Mahamat Idriss Déby et Succès Masra sera difficile", estime Evariste Ngarlem Toldé.

Le point avec notre correspondant à N’Djamena

"Le Tchad reste un pays assez fragile"

Cette rupture entre les deux hommes, a d’ailleurs été annoncée par le président élu, Mahamat Idriss Déby Itno.

En effet, au cours d’un banquet qui s’est déroulé il y a quelques jours avec les responsables des partis et associations ayant soutenu sa campagne, celui-ci aurait déclaré, je cite : "La transition est terminée. C’est une nouvelle page avec le retour à l’ordre constitutionnel. Plus de gouvernement d’union nationale. J’exécuterai mon programme avec ma coalition".

C’est une erreur, estime pour sa part le socio-anthropologue et analyste tchadien, Hoinathy Remadji.

"C'est tout à fait légitime que celui qui gagne les élections organise la gestion du pays suivant le programme pour lequel il a été élu avec la coalition qui l'a porté au pouvoir. Mais je pense que le Tchad reste un pays assez fragile. Au-delà de ces déclarations exclusives, il est nécessaire de donner la chance aux Tchadiens d'autres tendances de participer à la gestion de la chose publique. Fermer la porte aux autres serait une erreur", explique Hoinathy Remadji.

Bien qu'il ne reconnaisse toujours pas la victoire de Mahamat Idriss Déby Itno, le désormais, ancien Premier ministre Succès Masra semble toutefois peu désireux d’aller vers une confrontation et appelle ses partisans au calme.
 

Vue arienne de N'Djamena
Blaise Dariustone Correspondant au Tchad pour le programme francophone de la Deutsche Welledw_francais