Les raisons de la faible mobilisation pour Agbéyomé Kodjo
22 avril 2020L'opposant Agbéyomé Kodjo était encore jusque dans l'après-midi (22.04.2020) aux mains du Service central de recherches et d'investigations criminelles de la gendarmerie. Ce qui fâche ses partisans pour qui l'opposant n'a commis aucun crime et ne fait que défendre le désir d'alternance des Togolais.
En dehors d'une conférence de presse annoncée par la Ligue togolaise des droits de l'homme et d'un communiqué diffusé mardi (21.04.2020) par l'Eglise catholique du Togo, il n'y a pas de manifestation pour dénoncer ce qui arrive à Agbéyomé Kodjo.
Le choix de ne pas livrer la population à la violence
Selon Fulbert Attiso, un proche de l'opposant, il n'y a pas eu de mot d'ordre de peur de livrer la population à la violence des services de sécurité.
"Les populations ont pensé que Monseigneur Kpodzro et Agbéyomé Kodjo étaient des personnalités importantes et qu'ils avaient une notoriété et un carnet d'adresse qui devaient permettre d'avoir le pouvoir grâce aux leviers de la diplomatie et aux relations", explique-t-il.
"Mais la lutte continue ! La résistance doit continuer. Nous ne lâchons pas prise et c'est la grande leçon à tirer", avertit Fulbert Attiso.
Brigitte Adjamagbo Johnson, ancienne candidate à la présidentielle, a elle aussi son explication à la faible mobilisation."N'allez pas trop vite en besogne ! C'est vrai que le régime a agi avec beaucoup d'anticipations sur les réactions des populations", insiste l'opposante.
"Vous auriez vu tout le dispositif de guerre qui a été sorti, vous comprendriez que tout a été prévu pour étouffer les populations et les empêcher de réagir", dénonce Brigitte Adjamagbo Johnson.
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Le parcours politique d'Agbéyomé Kodjo
Depuis le Ghana voisin où se situe le siège du réseau ouest-africain pour l'édification de la paix et la prévention des conflits (Wanep), l'analyste Julien Oussou pense que le passé politique d'Agbéyomé Kodjo joue un rôle dans la situation actuelle. Il repose son explication sur deux principaux points.
"Le fait qu'il (Agbéyomé Kodjo) n'était pas au premier rang de la lutte de l'opposition, qu'il n'avait pas de structure en place pour coordonner des actions du genre et cette faiblesse qui le fait passer comme un général sans troupes est en train d'avoir des effets. Et il faut y ajouter le fait que certains ont en tête ce qu'ils ont subi quand il était dans le système, peut-être qu'ils se disent : 'pourquoi dois-je aller m'exposer pour ça ?'".
A l'issue d'une réunion ce mercredi (22,04.2020) les représentants des églises méthodiste, évangélique presbytérienne et catholique ont annoncé une médiation. Mais ils estiment qu'une libération de l'opposant faciliterait celle-ci.
Une quinzaine de personnes arrêtées au même moment que l'opposant ont été relâchées. 35 autres sympathisants restaient détenus avec l'opposant par les services de sécurité.