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Burkina : polémique sur le port de la minijupe

Charles Bako
18 avril 2023

Une polémique est récemment apparue sur la question du port de la minijupe. En effet, celle-ci est interdite aux femmes âgées de plus de douze ans par une loi qui remonte à 1970.

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Image : picture-alliance/dpa

La loi qui date de plus de cinquante ans est toujours en vigueur et peut être, théoriquement, toujours appliquée. Mais les autorités burkinabè n’ont jamais exprimé leur intention de remettre cette loi en vigueur, contrairement à ce qui a pu être écrit sur les réseaux sociaux. 

L’existence de cette loi, ignorée par la plupart des Burkinabè, a refait surface il y a cinq jours sur les réseaux sociaux pour une raison assez mal déterminée, même si on peut la rapprocher de la mort de la styliste britannique Mary Quant, connue pour avoir contribué à l’invention, dans les années 60, de la minijupe.

Sur les réseaux sociaux, les commentaires allaient souvent dans le sens de la condamnation des minijupes, par des hommes jugeant que les femmes seraient trop dévêtues.

Question de pudeur ?

Ephreim Ouédraogo, conseiller au tribunal du travail de Ouagadougou, parle ainsi d’une loi qui pourrait rendre les rues plus décentes si elle était appliquée. "C’est pour la moralisation de la vie publique et le civisme."

Cette hôtesse de bar, qui souhaite garder l’anonymat, ne voit pour sa part pas trop d’intérêt, de toutes manières, dans ce vêtement.

"Quant à moi, minijupe ou minirobe, ça ne me dit rien. Parce que déjà je n’en porte pas. Si tu me vois en porter, c’est pour me coucher. Chacun à sa manière de voir les choses" , dit-elle au micro de la DW.

Burkina Faso Ouaga Fashion Week à Ouagadougou
Les stylistes burkinabè rivalisent de créativité à Ouagadougou et ailleursImage : Sophie Garcia/AP Photo/picture alliance

Par ailleurs, ce sujet ne suscite pas un grand débat au Burkina Faso qui est confronté à une situation sécuritaire autrement plus grave, selon Youssef Serges Ouédraogo, un instituteur burkinabè, et Karim Koné, un web activiste.

"Il n’y a pas de vieille loi dans la mesure où la loi de 1970 est toujours en vigueur. Je ne pense pas que les autorités ont réveillé en quelque sorte cette loi. Ce sont les gens qui ont repris la loi sur les réseaux sociaux et qui en parlent. A ma connaissance, je n’ai pas vu une autorité qui parle de cette loi. Ce sont des gens qui ont des commentaires maintenant. Ici c’est la morale qui parle. On a autre chose à faire que de parler de cette loi, vu la situation sécuritaire."

"On s’est dit pourquoi aujourd’hui les gens ont fait surgir cette loi et dans quel but ? Ça ne fait pas l’objet de tant de débats au niveau des grains parce qu’on a des problèmes beaucoup plus sérieux avec les attaques multiples dans le pays."

Une loi oubliée ?

Cette loi de 1970 tombe sous le coup de ce qu’on appelle la « désuétude », c’est-à-dire qu’elle existe mais n’est plus appliquée dans les faits. Un débat donc secondaire pour les Burkinabè au regard de la crise sécuritaire que traverse le pays.

Mais une illustration aussi de la manière dont les réseaux sociaux peuvent travestir la réalité.

Des supporters de la junte agitent des drapeaux du Burkina
Charles Bako Correspondant au Burkina Faso pour le programme francophone de la Deutsche Welledw_francais