Côte d'Ivoire : le coltan suscite beaucoup d'espoir
31 mai 2024Le coltan est un mot générique pour désigner un minerai dont on extrait le niobium et le tantale.
Ces deux métaux sont déjà produits sur le continent par la République démocratique du Congo, le Rwanda et le Nigeria.
Cédrick Séhé est un exploitant minier dans le secteur de l’or. Il se réjouit de cette découverte dans son pays.
"Avec la découverte du gisement de coltan, au niveau d’Issia, c’est une première pour la Côte d’Ivoire."
C’est à travers un communiqué officiel que la Société pour le développement minier de Côte d’Ivoire, la Sodémi, a fait l’annonce, cette semaine, de la découverte de ce gisement de coltan.
Transformer sur place
Le niobium et le tantale sont des métaux importants qui entrent dans la fabrication des téléphones portables, mais aussi des composants électroniques comme les condensateurs.
C’est pourquoi Cédrick Séhé souhaite que dans la négociation des contrats d’exploitation, l’Etat puisse exiger la transformation de ces métaux sur le plan local, afin d’augmenter leur valeur marchande.
"Le coltan est rattaché à tout ce qui est, dans le domaine du nucléaire et également tout ce qui est appareil électronique. Donc il faut une transformation sur place, si l’économie ivoirienne veut réellement en bénéficier", dit Cédrick.
Grâce à cette découverte, la Sodémi se positionne comme l’une des premières sociétés minières en Afrique de l’Ouest à s’engager dans la production de ce minerai stratégique.
L’industrie minière est une priorité majeure pour l’Etat ivoirien. Ce secteur est présenté, dans le Plan national de développement 2021-2025, comme le deuxième pilier de l’économie ivoirienne à côté de l’agriculture.
Progressivement, les directives gouvernementales concernant l’exploration scientifique du sous-sol, se sont matérialisées à travers des travaux de recherche et d’exploration minière. Un autre souffle économique, soutient Cédrick Séhé.
"La découverte d’un gisement minier équivaut également au nombre d’emplois qui seront créés. En deuxième lieu, qui donnera aussi un boom au niveau de l’économie. C’est-à-dire qu’il y aura une plus-value par rapport à l’économie ivoirienne. Surtout que les mines rapportent gros."
Réguler le secteur
Néanmoins, les jeunes qui travaillent dans ces entreprises minières ne sont pas rétribués à leur juste valeur, explique Kanin Yattié, de l’association des travailleurs miniers de Côte d’Ivoire, avant d’inviter le gouvernement à réguler le secteur sur le plan salarial.
"Sur le plan national, dans le domaine des mines, pour un technicien géologue c’est-à-dire qui a le BTS au moins, qui travaille sur une mine, normalement le salaire minimum actuellement c'est 350.000 francs CFA. Les machinistes, cela part de 300.000 à 350.000 francs CFA, mais il y a aussi moins de 250.000 francs. En fait, ça dépend de la taille de l’entreprise qui les emploie. Ça veut dire que l’employeur ne tient pas forcément compte des droits de l’employé, mais regarde seulement son bénéfice pour pouvoir établir sa grille salariale. Et là, ce n’est pas vraiment intéressant", estime Kanin Yattié.
Pour l’exploitation de ce nouveau gisement, la Côte d’Ivoire a conclu un partenariat avec une société chinoise dont le nom n’a pas encore été communiqué. La participation est la suivante : 51 % pour la Sodémi, 39 % pour le partenaire chinois, et 10 % pour l’Etat ivoirien, soit une participation financière publique globale de 61 %.
La Côte d’Ivoire est déjà présente dans le secteur minier avec l’extraction de manganèse, de bauxite, de nickel et d’or. La découverte de ce gisement de coltan pourrait consolider la position du pays dans l'industrie minière mondiale.