Un capitaine des FARDC lynché à Goma
13 novembre 2023L’armée congolaise a communiqué à ce sujet durant le week-end tout en précisant qu'une enquête avait été ouverte sur les circonstances de sa mort et que deux suspects avaient été arrêtés.
Selon plusieurs sources concordantes, des habitants du quartier auraient lynché le capitaine Gasore après l'avoir pris pour un combattant du M23. Ces habitants ont commencé à lui lancer des pierres alors qu'il quittait son domicile en disant qu’il était membre du groupe rebelle M23.
"L’essentiel pour moi, en tant que membre de la société civile est que l’on reconnaisse que l’homme a été tué à cause de son faciès", nous confie Saint-cadet Ruvuzangoma, président de la société civile des Banyamulenge noyau de Minembwe.
Par ailleurs, M. Ruvuzangoma rappelle que le capitaine Gasore portait la tenue des FARDC et il avait sur lui sa carte de service. " Un rebelle du M23 ne peut pas se balader dans les rues de Goma, il était connu dans son quartier. Ce n’était pas une figure étrangère dans son quartier, "déplore ce dernier.
" Ce n’est pas le premier cas. En décembre 2021, le major Kaminzobe Joseph a été extrait dans un véhicule militaire, les faits se sont déroulés dans le territoire de Fizi. On l’a soutiré du véhicule, et on l’a tué en présence des autres militaires des FARDC. En juin 2022, un commerçant munyamulenge à Kalima, dans la province du Maniema, il s’appelait Ntayoberwa Rugenza, il a été tué, brulé puis son corps a été mangé par ses bourreaux. "
Propagation des discours de haine
Felix Rubogora est le président des mutualités Banyamulenge. Il vit en Allemagne et s’offusque de la position du gouvernement congolais qui selon lui a laissé sa communauté être en proie aux discours des promotteurs de la haine. Il encourage les autorités congolaises à initier un procès public pour décourager ces criminels et les promoteurs des discours de haine.
" Les M23 sont au Nord Kivu, les Banyamulenge sont au Sud Kivu. Nous ne revendiquons que la protection de notre population tandis que le M23 a les revendications d’une rébellion qui combat un gouvernement. Il n’y a aucun rapport entre les deux. Si les Banyamulenge étaient derrière le M23, on aurait déjà entendu dire qu’ils sont dans le Sud Kivu, mais ils n’ont jamais été au Sud Kivu. Les soupçons qui sont derrière toutes ces déclarations peuvent engendrer des risques pour notre communauté,"confie-t-il à la Deutsche Welle.
Dans une lettre adressée au président congolais le 11 novembre M. Rubogora et d’autres membres de la communauté Banyamulenge demande au chef de l’état congolais de veiller à ce que justice soit rendue aux victimes de cette haine ethnique et d’assurer la protection des Banyamulenge sur toute l’étendue du territoire congolais.