RCA : les partenaires internationaux inquiets
21 décembre 2020Les autorités russes ont exprimé leurs "sérieuses inquiétudes" au sujet de la crise dans le pays. La France souhaite que les élections présidentielle et législatives se tiennent aux dates prévues (27 décembre) "pour qu'on n'entre pas dans une période d'incertitude qui pourrait réactiver les agendas des uns et des autres pour prendre le pouvoir par la force".
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La situation était calme ce lundi (21.12.2020) à Bangui, la capitale. Des affrontements ont cependant opposé les rebelles aux forces armées de Centrafrique (FACA) non loin de la localité de Boyali, à plus de 400 kilomètres de Bangui. La presse locale signalait aussi des tirs entre les FACA et des rebelles de la coalition des patriotes centrafricains.
La situation est délétère dans le pays et cela inquiète Sylvain Patassé, candidat à l’élection présidentielle et fils de l’ancien président Ange-Félix Patassé :
"Tout ce qui passe aujourd’hui dans l’arrière-pays nous inquiète nous tous qui sommes aujourd’hui candidats aux élections parce que nous ne pouvons pas circuler librement."
Il estime que "le peuple centrafricain a gardé de très bons souvenirs du président Patassé quand il était au pouvoir : le pays était très bien stable. Malheureusement, aujourd’hui, ce n’est pas le cas".
A la différence de la COD-2020, le candidat Sylvain Patassé maintient sa participation au scrutin du dimanche.
La Russie et le Rwanda en renforts
Le gouvernement centrafricain a affirmé que la Russie avait envoyé plusieurs centaines de soldats en Centrafrique. À cela s’ajoutent des équipements lourds, le tout dans le cadre d’un accord de coopération bilatérale entre Moscou et Bangui.
Moscou a cependant démenti un peu plus tard la présence de soldats russes. "Nous n'envoyons pas de troupes, nous respectons toutes les exigences des résolutions de l'ONU", a affirmé Mikhaïl Bogdanov, vice-ministre russe des Affaires étrangères, cité par l'agence de presse Interfax.
Un continent rwandais a aussi commencé à combattre sous mandat de l’ONU.
Trois des plus puissants groupes armés qui contrôlaient déjà deux tiers du pays ont commencé à progresser sur des axes importants pour le ravitaillent de Bangui.
Selon Hans De Marie Heungoup, politologue travaillant pour International Crisis group (ICG) "Ils (groupes armés) ont saisi l’opportunité créée par François Bozizé pour s’immiscer et agréger ensemble leurs différentes revendications et tenter d’imposer un rapport de force pour forcer la main tant au gouvernement qu’à la communauté internationale".
L’opposition souhaite dans ce contexte un report des élections. C’est l’une des revendications aussi des groupes armés, ajoute Hans de Marie Heungoup.
Les cartes de Bozizé
Tout cela intervient alors que François Bozizé est accusé de fomenter un coup d’Etat. Parallèlement, son parti soutient le candidat Anicet Georges Dologuélé. Hans De Marie Heungoup estime que François Bozizé joue sur deux fronts.
"Le premier tableau, c’est le tableau sécuritaire. Son soutien à Dologuélé techniquement garantit à ce dernier une place au second tour des élections et ouvre la brèche à une victoire possible de Dologuélé ou à une contestation de ce dernier au cas où il ne gagnerait pas les élections. Là encore, c’est une fenêtre qui est possible pour Bozizé d’intervenir et de dire voilà que la victoire de mon poulain a été volée, que cela soit avéré ou non", analyse le politologue.
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La France a appelé lundi au maintien des élections présidentielle et législatives du dimanche prochain. Hans de Marie Heungoup parle d’une crise politique au vu de la situation actuelle.
Le candidat Anicet Georges Dologuélé a accusé le président sortant d’être dans une logique de guerre et appelé au dialogue pour éviter le pire.