Christian Wulff démissionnera-t-il?
4 janvier 2012Les pressions qu'il a exercées sur des journalistes pour étouffer l'affaire l'ont isolé dans son propre camp politique. Les appels à sa démission se sont multipliés. Mais la télévision publique allemande affirmait ce matin que le président refusait de démissionner. Et destituer un président n'est pas chose aisée en Allemagne.
Un cadre constitutionnel rigide
Le cadre fixé par la constitution est très étroit: il faut que le président fédéral ait violé, soit la constitution, soit une loi fédérale pour que l'une ou l'autre chambre du parlement saisisse la cour constitutionnelle. Les juges peuvent alors prononcer la destitution du président. Cela ne s'est encore jamais vu depuis la création de la république fédérale. Et dans l'état actuel des choses, cela ne devrait pas s'appliquer non plus à Christian Wulff. Toute la question est de savoir si du temps où il était ministre président de Basse Saxe il a violé la législation de cette région en bénéficiant d'un prêt immobilier à des conditions avantageuses. Il s'agit donc là d'une loi régionale et non pas fédérale.
La démission serait donc la seule solution envisageable. Mais l'opposition social-démocrate, si elle critique le comportement de Christian Wulff, reste quand même très discrète en la matière. Peut-être pour ne pas affaiblir la fonction présidentielle. Il y a un an et demi un président a déjà démissionné, c'était Horst Köhler
Des considérations également politiciennes
Le président fédéral allemand a surtout une fonction honorifique. Il n'est pas élu au suffrage universel, mais par une assemblée fédérale. Elle se compose de tous les membres de la chambre basse du parlement et d'un nombre égal de grands électeurs désignés par les 16 parlements régionaux. Si un nouveau président devait être élu maintenant, le camp conservateur de la chancelière Angela Merkel aurait de bonnes chances d'imposer une nouvelle fois son candidat. Cela pourrait changer après le mois de mai, des élections régionales sont prévues dans le Schleswig Holstein. Les sondages prédisent une défaite des chrétiens démocrates. Ce qui permettrait du même coup aux sociaux démocates d'être majoritaires à l'assemblée fédérale. Mais tout cela est encore au conditionnel. Finalement, Christian Wulff s'exprimera mercredi soir à la télévision.
Auteur: Peter Stützle/Marie-Ange Pioerron
Edition: Fréjus Quenum