Comment rendre hommage aux victimes de la Covid-19
19 avril 2021Plus de 141 millions de personnes ont été contaminées par la Covid-19 dans le monde, depuis le début de la pandémie. En tout, plus de trois millions de personnes sont décédées du virus. Les Etats-Unis restent le pays le plus touché.
Toutes ces victimes ne sont pas seulement des chiffres sur une liste mais des personnes qui laissent des familles, des amis éplorés. C'est pour rendre hommage à ces victimes et à leurs proches que l'Allemagne, après d'autres pays comme les Etats-Unis ou le Royaume-Uni, a organisé hier (18 avril) une cérémonie en leur honneur.
Hommage national
A 59 ans, la vie d'Anita Schedela a été bouleversé par le décès de son époux. Comme lui, 80.000 personnes sont mortes en Allemagne du coronavirus. C'est pour témoigner et exprimer sa solidarité avec les autres proches qu'elle a pris la parole :"Mon mari a perdu la vie. Et moi, je me sens vide. Mais je suis toujours en vie. Mon existence a beaucoup changé depuis, je ne l'ai pas choisi. Mais mon mari aurait voulu que je reconnaisse la valeur de la vie. Comment ? En prêtant aujourd'hui ma voix aux milliers de personnes qui ont perdu un proche à cause de la Covid", a-t-elle déclarée, émue.
D'où les drapeaux en berne, dimanche, dans tout le pays, et plusieurs manifestations, parmi lesquelles une cérémonie d'hommage à Berlin, à laquelle ont pris part la chancelièreallemande et le président de la République, Frank-Walter Steinmeier qui a déclaré :
"Aujourd’hui, nous voulons exprimer toute notre sympathie aux personnes éplorées dans notre pays. Nous voulons leur dire : “Vous n’êtes pas seuls avec votre peine, pas seuls avec votre chagrin."
Sur les ondes de Deutschlandfunk, la philosophe Sabine Göring estime que les cérémonies d'hommage sont importantes pour partager le deuil au sein de la société et rappeler à chacun sa part de responsabilité pour endiguer la contagion. "Et, poursuit-elle, c'est un signal important à l'endroit de ceux qui nient la dangerosité du coronavirus et disent que c'est juste une grippe."
Des milliers d'"anti-masques", tenants de théories du complot, ont d'ailleurs manifesté dans plusieurs villes allemandes ce week-end encore. La police a procédé à des interpellations.
Plus de trois millions de morts dans le monde
Dans le monde, la pandémie a déjà fait plus de trois millions de morts. Les Etats-Unis comptent le plus de victimes, suivis du Brésil et du Mexique. A Washington, la nouvelle administration Biden a organisé une cérémonie d'hommage, après sa prise de fonctions.
En Afrique, 118 000 morts ont été confirmées et 4,4 millions de personnes contaminées recensées. Mais des hommages n'ont été rendus, dans les médias et sur les réseaux sociaux, qu'aux personnalités africaines célèbres emportées par la Covid-19 (Manu Dibango, Mohamed Ben Omar, John Jerry Rawlings, Lina Ben Mhenni, Pape Diouf…)>>> A lire aussi : John Magufuli, mort du coronavirus ?
En Europe, plusieurs pays ont organisé des hommages nationaux : le Royaume-Uni, l'Espagne, l'Italie. En France, le porte-parole du gouvernement en promet une bientôt, alors que le pays vient de dépasser les 100.000 morts, et un député (ex-LREM) réclame d'instaurer une journée mémorielle à date fixe, chaque année.
La défaillance des Etats
Mais beaucoup pointent du doigt les défaillances des Etats à gérer la pandémie.
La philosophe Julia de Funès critique pour sa part, à l'instar d'autres intellectuels et éditorialistes, ces hommages officiels qu'elle dénonce comme autant d'"instrumentalisations" politiques à caractère "démagogique."
Selon elle, cette débauche de "bons sentiments" ne doit pas se substituer à la responsabilité des Etats qui devraient être à même de prendre en charge tous les malades et de ne pas laisser mourir quiconque seul, de la Covid-19 ou d'autre chose.
Chez nos confrères d'Europe 1, Julia de Funès estimait donc il y a quelques jours que "le plus grand respect qu'on doit aux personnes mourantes du virus, ce n'est pas de se souvenir d'elles dans vingt ans et collectivement, mais c'est d'être là, à leurs côtés, individuellement et maintenant."