Négociations pré-COP 28 sans réelles avancées
15 juin 2023Pendant plus de dix jours les travaux ont porté sur les défis du changement climatique: transition énergétique équitable, aide à l'adaptation, mise en place d'un fonds pour financer les "pertes et dommages" des pays les plus pauvres. Une rencontre avant la COP28 prévue à Dubaï en fin d'année. Comme à chaque fois, les attentes durant ce genre de réunion sont toujours grandes, et elles s'achèvent souvent sur un sentiment plutôt mitigé.
La sensible question de la réduction des énergies fossiles
Avant même le début des travaux à Bonn, Simon Stiell, le secrétaire exécutif de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, avait donné le ton dans une interview.
"Les attentes sont élevées, les défis ne sont pas moins élevés. Cela va être une COP très difficile. La situation géopolitique de l'année dernière a été difficile. Cette année, c'est devenu encore plus difficile. Mais je reste optimiste."
Simon Stiell le reconnait : le monde doit éliminer progressivement les combustibles fossiles s'il veut freiner le réchauffement climatique. Mais le sujet reste délicat.
La question de l'utilisation par l'humanité des énergies fossiles comme le charbon, le pétrole, le gaz… principales causes du réchauffement climatique, était l'un des thèmes débattus durant cette rencontre de Bonn.
Selon l'activiste pour le climat Greta Thunberg, qui a participé aux débats, continuer à exploiter les énergies fossiles revient à "condamner à mort" des pans entiers de la population à travers le monde. Elle a exhorté les pouvoirs publics à prendre des mesures plus ambitieuses.
Pour une autre activiste, la Nigériane Adenike Oladosu, la conférence de Bonn n'a pas rendu justice à la réalité de la crise climatique, en particulier dans les pays les plus touchés comme le Nigeria.
Selon elle, "au lieu d'investir dans les combustibles fossiles qui dévastent des étendues entières de terres dans les pays du Sud, les pays du Nord devraient financer les énergies renouvelables". Cette question du financement reste sensible.
Après plus d'une semaine de tension et une plénière mouvementée, les travaux sur la réduction des émissions ont été relégués dans un document informel, toutefois utilisable à la COP28.
"Un coup de poignard dans le dos"
A Bonn, certains militant comme le Kényan Eric Njunguna sont également revenus sur la nomination de Sultan Al-Jaber, le chef d'une compagnie pétrolière nationale, à la présidence de la COP28 prévue à Dubaï.
"... je pense que les archives de l'histoire montreront qu'en 2023, pour la Cop28, métaphoriquement parlant, nous avons laissé un moustique mener la lutte contre le paludisme. C'est un coup de poignard dans le dos pour les communautés qui subissent le poids de la crise climatique, mais aussi pour les générations futures qui seront affectés par la crise climatique" a-t-il précisé.
Face aux critiques portant sur ses liens étroits avec l'industrie des combustibles fossiles, Sultan Al-Jaber s'est engagé, à Bonn, à écouter les jeunes qui demandent une place à la table des pourparlers sur le climat.
La COP de cette année sera cruciale car il s'agit du premier bilan mondial pour voir où en est le monde dans ses efforts pour réduire les émissions de carbone.