Coronavirus : des doutes sur les statistiques ivoiriennes
8 avril 2020En Côte d'Ivoire, le nombre de cas confirmés de malades atteints du Covid-19 est sujet à caution. Il est en tous cas l'objet d'une polémique entre l'OMS et le gouvernement ivoirien. L'Organisation mondiale de la santé a en effet publié des chiffres supérieurs à ceux fournis par la Côte d'Ivoire, avant de s'excuser et se rétracter. Pourtant, des responsables de la société civile doutent de la fiabilité des statistiques de l'Etat ivoirien.
Un écart entre les chiffres annoncés
C'est par un site de l'OMS qu'est née la polémique. Il révèlait lundi dernier 490 cas positifs de Covid-19. Soit 157 cas de plus que le chiffre officiel alors en Côte d'Ivoire.
Les chiffres de l'OMS sont largement partagés sur les réseaux sociaux. L'Etat écrit alors à l'organisation qui présente ensuite ses excuses et confirme les chiffres du gouvernement ivoirien.
Mais des personnes contactées doutent de ces chiffres du gouvernement. "On a l'impression que l'Etat camoufle un peu certaines choses", confie une Ivoirienne qui pense que les chiffres actuels sont sous-évalués.
Quarantaines à la petite semaine?
Pour le sociologue ivoirien Rodrigue Kone, le nouveau coronavirus est arrivé dans un pays déjà polarisé par le climat politique. Il pointe du doigt des défaillances dans l'application de la communication gouvernementale.
"Tout a commencé avec ce confinement raté à l'INJS (Institut national de la jeunesse et des sports) où certaines personnes qui sont, dit-on, proches des pontes du pouvoir ont été libérées pendant que d'autres devaient se confiner. Ensuite, on a vu par exemple des matériels de lutte contre la maladie qui ont été frappés du sceau du premier ministre qui est lui-même candidat aux prochaines élections."
La presse ivoirienne a relayé le cas d'une personne confinée à Abidjan, au sud, interpellée par les autorités sanitaires à Bouaké, dans le centre du pays.
Des habitants fuient le confinement
Des populations fuyant le confinement se sont aussi rendues à l'intérieur du pays. En Côte d'Ivoire comme ailleurs en Afrique, les ministères de la Santé s'appuient sur les laboratoires et les centres de traitement des malades pour la publication des chiffres.
Mais les tests de dépistage sont peu répandus sur le continent, d'où la difficulté de dénombrer les cas positifs.
Foi de certains en le gouvernement
Le docteur Mary Stephens, du bureau Afrique de l'OMS, estime toutefois que les chiffres fournis par les gouvernements sont proches de la réalité.
"Les cas non dénombrés par les gouvernements en Afrique sont insignifiants. Les chiffres qui sont publiés reflètent la situation réelle sur le continent."
Autre pays où les chiffres sont mis en doute : le Burundi qui se disait « béni par dieu » avant de compter désormais trois cas. Le candidat du parti au pouvoir, Evariste Ndayishimiye, s'en remettait à dieu dimanche dernier pour protéger le pays qui peine aussi à dépister les cas.
Le vice-président du pays, Gaston Sindimwo, a déclaré au média Iwacu que le virus ne va pas empêcher la tenue du scrutin présidentiel prévu le 20 mai prochain.