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Coups de feu à Bamenda pendant la visite d'un ministre

20 septembre 2019

Alors que les préparatifs pour le dialogue national convoqué par le président Paul Biya se poursuivent au Cameroun, de nombreux coups de feu ont été entendus à Bamenda, chef-lieu de la région anglophone du Nord-Ouest.

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Kamerun Symbolbild Sicherheitskräfte
Image : Getty Images/AFP/Str

Les échanges de coups de feu ont été entendus près de l'hôtel Ayaba qui héberge le ministre de l'Administration territoriale, Paul Atanga Nji, ainsi que des hauts responsables de son ministère. Ceux-ci sont sur place pour discuter de la sécurité avec l'ensemble des préfets de la région. 

"Il y a eu beaucoup d'échanges de coups de feu, très tôt ce matin, à partir de 5h, 5h15 jusqu'à près de 6h du matin", témoigne le docteur Louis-Marie Begné, délégué régional de la communication du Nord-Ouest. "Il y a aussi des coups de feu qui ont été signalés du côté du centre-ville. Il y avait d'un côté les détonations de l'armée régulière avec des armes conventionnelles. Et de l'autre, des détonations des sécessionnistes que l'on reconnait également à travers leurs petites armes de fabrication généralement artisanale. Dans la matinée, la reprise des activités a été un peu timide parce que les gens avaient peur. Mais désormais, j'ai fait un tour et tout est ouvert, l'activité a repris. Il n'y a pas de militaires dans les rues."

Bamenda est le chef-lieu de la région du Nord-Ouest, l'une des deux régions anglophones
Bamenda est le chef-lieu de la région du Nord-Ouest, l'une des deux régions anglophones

Selon les premières informations disponibles, les incidents n'auraient pas fait de victimes. Le délégué régional de la communication précise que la ville de Bamenda a accueilli jeudi une réunion pour organiser la distribution de l'aide humanitaire aux déplacés internes de la crise anglophone. 

Mais les tirs ayant eu lieu plusieurs heures après la fin de cette réunion, qui s'est par ailleurs déroulée à huis-clos, il est difficile d'établir un lien entre les deux évènements.

Un dialogue monologue

Ce qui est sûr en revanche, c'est que ces incidents interviennent à quelques jours du lancement du dialogue national voulu par le président Biya. Un dialogue qui a pour objectif de régler le conflit anglophone mais dont les contours restent flous pour le moment. 

Surtout, les Camerounais des régions concernées se demandent quelles pourront être les conclusions de ce qui risque de se transformer en monologue puisque la plupart des séparatistes, qu'ils soient radicaux ou modérés, ont déjà annoncé qu'ils ne prendraient pas part aux discussions.

Manifestation en septembre 2017 pour demander la libération des activistes emprisonnés dans le cadre de la crise anglophone
Manifestation en septembre 2017 pour demander la libération des activistes emprisonnés dans le cadre de la crise anglophoneImage : Getty Images/AFP

Johannes Stahl travaille pour la branche allemande de la mission protestante Basler. Il résume les choses ainsi :

"Lorsque je parle avec les gens sur place, ils disent qu'un vrai dialogue ne pourra avoir lieu que si le gouvernement libère ceux qu'il a arrêté arbitrairement et qui sont aujourd'hui en prison parce que soupçonnés d'être des séparatistes. Il n'y a que comme cela que l'opposition pourra reconstituer ses rangs avec des gens capables et honnêtes et qu'elle pourra ensuite être en position pour négocier."

A noter enfin que Günter Nooke, le conseiller personnel pour l'Afrique de la chancelière Angela Merkel, se rendra dans quelques jours au Cameroun. Des entretiens sont prévus avec le gouvernement et des représentants de l'opposition et de la société civile.

A ce jour, les affrontements entre séparatistes et forces de sécurité ont fait plus de 2.000 mort, selon l'organisation Human Rights Watch. Plus de 530.000 personnes ont par ailleurs dû quitter leur domicile selon l'ONU.