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Economie

Côte d'Ivoire : à qui profite la croissance ?

30 octobre 2020

Malgré une croissance économique record de 7 à 8 % depuis 2012, 10 millions d'Ivoiriens vivent encore dans la pauvreté.

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Le port d'Abidjan
Le port d'AbidjanImage : picture-alliance/N. Zorkot

La Banque mondiale considère la Côte d'Ivoire comme "une des économies les plus dynamiques d'Afrique subsaharienne" et estime que ce pays est redevenu la locomotive de l’Afrique de l’ouest francophone.

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Cette croissance s'appuie toujours sur l’agriculture (notamment le cacao) mais sur des services comme les télécommunications, le BTP et la construction ainsi que l'énergie, qui sont des secteurs soutenus par des investissements publics dans les infrastructures.

Selon l’économiste Séraphin Yao Prao, cette croissance repose sur la reconstruction du pays après une longue crise politique qui s’est terminée en 2011 :

"Ce taux de croissance a été fondamentalement tiré par les investissements publics parce que de 2002 à 2010, le pays était divisé en deux. Il y eu un retard en matière d’infrastructures.  On appelle cela un rattrapage économique. Ce taux de croissance a été généré par les investissements massifs liés à la reconstruction de la Côte d’Ivoire, des investissements publics qui ont été financés par nos partenaires internationaux.  Nous avons aussi atteint le point d’achèvement de l’initiative PPTE (en faveur des pays pauvres très endettés, ndlr) et donc tout ceci mis l’un dans l’autre a vraiment donné un coup de force qui explique ce taux de croissance positif."

Inégalités en Côte d'Ivoire : écoutez le reportage de notre correspondant

Bataille de chiffres

Mais cette croissance n’a pas réduit le nombre de pauvres en Côte d’Ivoire. Le président Alassane Ouattara revendique une diminution de la pauvreté qui a reculé de 55,4% en 2011 à 39,5% en 2018, selon les chiffres de la Banque mondiale et de l’Institut national de statistiques.

Mais la population ayant augmenté, le nombre de pauvres s'établit encore à environ dix millions, contre onze millions il y a dix ans.

Pour Séraphin Yao Prao, cette croissance économique a fait émerger une classe moyenne mais accru les inégalités :

"La croissance profite à certaines personnes, à une minorité. En Côte d’Ivoire 10% des plus riches profitent de 30% de la richesse du pays. C’est ce qui explique l’émergence de cette pseudo classe moyenne en Côte d’Ivoire qui se situerait autour de 27% de la population aujourd’hui. Ce sont les nouveaux riches.’’

Corruption

Cette belle performance économique est par ailleurs entravée par une corruption généralisée dans tous les secteurs d’activités.

Mario Yves Gbané, chef d’entreprise en import-export, explique que les entreprises locales sont défavorisées par cette institutionnalisation de la corruption :

"Cette croissance profite plus aux grandes entreprises étrangères. La corruption existe vraiment à tous les niveaux et s’impose parfois comme règle de fonctionnement."

La croissance ivoirienne devrait chuter de 1,8 % en 2020 à cause de la crise mondiale de Covid-19.  Cette crise sanitaire a sévèrement touché les entreprises, en particulier les petites structures. 

Plus d'un tiers ont fermé, temporairement ou définitivement. Les ménages ont aussi été durement touchés, surtout les plus pauvres d’entre eux.