Accusations de violences contre des migrants en Europe
7 août 2019Le débat sur la police aux frontières de l'Union européenne est relancé et cela créé des remous dans les instances européennes. En début de semaine, des médias allemands et anglais accusaient Frontex, l'agence chargée des frontières extérieures de l'UE, de tolérer des maltraitances sur des migrants. Ces accusations très graves poussent l'agence à réagir au micro de la DW.
Que dit l'enquête ?
Les accusations du site d'investigation allemand Correctiv, de la chaîne de télévision publique ARD et du journal britannique Guardian sont extrêmement graves. Il est question de gardes-frontières qui traquent des personnes migrantes avec des chiens, utilisant des sprays au poivre, de fonctionnaires de Frontex impliqués dans des expulsions de personnes sous sédatif, voire de mineurs. Les trois médias se sont appuyés notamment sur des documents internes de Frontex. Ils relatent des faits ayant eu lieu en Bulgarie, en Hongrie ou encore en Grèce.
Que répond Frontex ?
L'agence européenne réagit de façon embarassée. "Toute forme de violence ou d'abus sur les réfugiés ou migrants est inacceptable", déclare la porte-parole de la Commission européenne, Mina Andreeva. "Nous allons maintenant examiner ces accusations avec les gardes-frontières de l'UE et réagir en conséquence".
Pour sa défense, Frontex assure que ce ne sont pas ses fonctionnaires, mais du personnel des pays en question qui seraient les auteurs de tels actes. sauf que Frontex vient en appui à ces gardes-frontières nationaux et serait complice, en maintenant son personnel sur place à leurs côtés, alors que l'agence a la possibilité de le retirer. Le responsable du Forum consultatif de l'agence, l'instance de régulation interne chargée notamment des questions de droits humains où siègent des organisations d'aide aux réfugiés, la Croix-Rouge et les Nations unies, assure pourtant avoir déjà demandé une telle mesure :
"Cela ne s'est pas encore produit, bien que dans le cas de la Hongrie, par exemple, le Forum consultatif ait profité des accusations massives portées contre la Hongrie, qui sont également portées par la Commission européenne, pour demander à Frontex de faire exactement cela", explique-t-il à la DW.
Comment éviter de tels comportements ?
Les maltraitances décrits dans la dernière enquête ne sont pas une première. Il y a plus de dix ans déjà, en décembre 2008, l'ONG allemande Mission Lifeline avait déposé un dossier auprès de la CPI, accusant Frontex d'aider la Libye à localiser les embarcations de migrants en Méditerranée.
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Stephan Kessler, assure qu'il serait possible, avec de la volonté, de mieux lutter contre les maltraitances. "Frontex pourrait certainement faire davantage, en particulier enquêter de manière plus intensive et systématique sur les informations faisant état de violations des droits de l'homme". Le responsable prône un renforcement des capacités du Bureau des commissaires aux droits de l'homme et demande que lui soit donné la possibilité d'enquêter sur de telles allégations.
La Commission européenne, qui supervise l'agence Frontex, assure aujourd'hui qu'elle va suivre le travail de Frontex. L'agence européenne de surveillance des frontières compte 1.500 réservistes qu'elle peut déployer à tout. Les effectifs doivent être augmentés à 10.000 d'ici 2027. Pour l'heure 105 gardes-frontières allemands sont actifs aux frontières de l'Union européenne, et notamment en Grêce, pour le compte de l'agence.