La démocratie mise à mal dans le monde
24 février 2022Des autocraties comme la Russie et la Chine d'un côté, des démocraties comme les Etats-Unis ou l'Allemagne de l'autre. Est-ce là le grand conflit de notre époque ?
"C'est un combat difficile", déclarait le chancelier allemand Olaf Scholz lors de sa visite à Washington, le 7 février, pour décrire la situation politique mondiale.
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Dans une interview accordée à CNN, Olaf Scholz s'est toutefois montré optimiste : celui-ci a affirmé que la démocratie finira par l'emporter. Car elle n'est pas seulement une idée occidentale mais est profondément ancrée dans l'homme.
"Je suis absolument certain que partout dans le monde, les gens apprécieraient notre mode de vie avec la démocratie, l'Etat de droit, la liberté individuelle et l'économie de marché", a déclaré Olaf Scholz.
Montée de l’autocratie
Cependant, la démocratie est en recul dans le monde. Pour la première fois depuis 2004, l'Indice de transformation Bertelsmann (BTI) recense plus d'Etats autocratiques que démocratiques.
Sur les 137 pays étudiés, seuls 67 sont encore des démocraties. Le nombre d'autocraties est passé à 70.
"C'est le pire résultat de transformation politique que nous ayons jamais mesuré au cours de nos 15 années de travail", déclare Hauke Hartmann, chef de projet à la Fondation Bertelsmann.
La Tunisie, un pays qui a longtemps été considéré comme le dernier espoir du Printemps arabe, marque le pas. Le président Kaïs Saïed y règne désormais par décret depuis qu'il a dissous le Parlement et le gouvernement en juillet 2021 et suspendu une partie de la Constitution.
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Résurgence des coups d’Etat
Mais la Tunisie n’est pas la seule. Le coup d’Etat au Soudan, le double coup d’Etat militaire au Mali, puis les putschs en Guinée et au Burkina Faso replacent le continent africain face à la résurgence des juntes militaires.
La Turquie subit aussi une dérive autoritaire.
Sur la DW, Hauke Hartmann croit que "C'est la Turquie qui a le plus perdu au cours des dix dernières années, sous la direction d'Erdogan, un chef d'Etat qui avait pourtant commencé comme un espoir. Car la séparation des pouvoirs et la participation y sont tellement limitées que nous avons dû classer la Turquie comme une autocratie il y a deux ans déjà. Et cette évaluation n'a malheureusement pas changé entretemps".
L’Inde du Premier ministre Narendra Modi et le Brésil de Jair Bolsonaro sont aussi cités comme des démocraties en panne. Egalement épinglées, cette fois en Europe, la Pologne et la Hongrie.
Elites politiques et économiques responsables
Quelles sont les causes de la montée en puissance des systèmes autocratiques et l'érosion des normes démocratiques ? Selon Hauke Hartmann, les principaux responsables sont les élites politiques et économiques qui veulent protéger un système clientéliste et corrompu.
Selon lui, cela est particulièrement fréquent en Amérique centrale, où la politique est souvent infiltrée par des structures mafieuses. Ainsi qu'en Afrique subsaharienne, où certains responsables politiques détournent les fonds publics en profitant de la faiblesse des institutions.
La pandémie de Covid-19 aurait en outre entraîné de nouvelles restrictions des droits politiques et civils dans de nombreux pays comme les Philippines, la Hongrie, ou encore dans des autocraties comme l'Azerbaïdjan ou le Venezuela. Dans les autocraties avancées comme la Chine, l'ampleur de la surveillance numérique aurait considérablement augmenté.
Tout en bas du classement, l’Afghanistan, repris par les talibans il y a six mois, est désormais le pays classé comme le moins démocratique au monde.