Milliers d'abus sexuels dans l'Eglise catholique allemande
25 septembre 2018L'église catholique allemande a publié ce mardi matin les résultats d'une étude traitant des abus sexuels au sein même de cette institution, lors d'une conférence épiscopale à Fulda, au centre de l'Allemagne. Depuis 2010, l'institution est ébranlée par plusieurs scandales concernant le sujet.
3.700 victimes concernées
L'étude en question est un document de 356 pages qui fait état des abus sexuels commis au sein de l'église catholique entre 1946 et 2014. "Nous connaissons maintenant les chiffres : 1.670 accusés, membres de l'église, et plus de 3.700 victimes concernées", raconte Harald Dressing, professeur à l'institut de psychologie de Mannheim et coordinateur de l'étude. "Nous pouvons dire que c'est l'estimation la plus basse. Il faut donc plutôt partir du principe que de nombreux autres cas occultes existent."
Les cas relatés concernent tous des enfants et des adolescents. Plus de 50 % avaient moins de 14 ans. Lors de la conférence épiscopale qui réunit les évêques d'Allemagne, le président Reinhard Marx a présenté ses excuses. "Il faut le dire très clairement : l'abus sexuel est un crime", a-t-il ensuite ajouté. "Celui qui est coupable doit être puni. Au sein de l'église nous avons trop longtemps fermé les yeux, dissimulé, nié, nous refusions d'admettre."
"Un premier pas"
Mais la démarche ne reste pas sans critiques. Heiner Keupp est psychologue et membre de la commission indépendante pour la reconnaissance de l'abus sexuel de mineurs instaurée à l'initiative du parlement allemand. Selon lui, l'étude ne fournit pas assez d'éclaircissements. Elle ne pourrait n'être qu'un premier pas. Heiner Keupp revendique en effet plus de coopération entre l'Etat, la société civile et l'église pour arriver à de véritables solutions.
"Les archives et les documents doivent devenir publics", explique-t-il. "Nous avons besoin de représentants indépendants qui peuvent faire ce travail en dehors de l'église elle-même. Comme cela a été le cas en Pennsylvanie où un procureur général indépendant avait accès à tous les documents."
En réaction aux résultats de l'étude, la ministre de la Justice Katarina Barley a exigé que l'Eglise collabore avec les autorités judiciaires. "L'État de droit ne peux que fonctionner si les actes criminels lui sont indiqués", a-t-elle déclaré.
La Deutsche Welle reviendra plus en détails sur ce sujet, dans le magazine Vu d'Allemagne, dès 17h30 TU ce mercredi 26 septembre.