Des personnes migrantes renvoyées dans le désert en Algérie
26 juin 2018Les chiffres font froid dans le dos : 13.000 personnes auraient été abandonnées dans la Sahara depuis 14 mois. Ce sont nos confrèresd'Associated Press qui le révèlent après plusieurs mois d'enquête qui le révèlent. Ils accusent les autorités algériennes de renvoyer des personnes migrantes en Afrique subsaharienne en les abandonnant dans le désert. L'enquête évoque le cas de femmes enceintes et des personnes reconduites dans le désert, parfois sans eau et sans nourriture.
Démenti algérien
Les autorités algériennes contestent les faits mais l'Organisation internationale des migrations, l'OIM, confirme cette pratique. "À partir du moment où on tombe face à face avec des gens dans le désert, la pratique existe, mais dire qu'elle est systématique me paraît prématuré", assure Pascal Reyntjens, le chef de mission de l'OIM en Algérie.
Il existe pourtant un travail quotidien entre les autorités algériennes et l'organisation de l'ONU. "On est en contact permanent, et on organise des rappatriements par les voies aériennes", explique encore Pascal Reyntjens. Il évoque une très forte hausse du nombre demandes de rapatriement en provenance de l'Algérie : 500 depuis le début de l'année 2018 contre 48 pour toute l'année 2017. "Cela est certainement lié aux difficultés à rester sur place et à une volonté d'éviter un retour organisé par les autorités", estime le responsable de l'OIM à Alger.
Certaines organisations dénoncent une politique migratoire de plus en plus dure en Algérie. "On doit pouvoir aller encore plus loin dans nos actions sur place", plaident Pascal Reyntjens.
Légilsation dure
Le pays n'avait pas changé ses lois sur l'immigration pendant plus de 50 ans, mais a fortement durci sa législation en 2008. Les personnes en situation irrégulière sont traitées de la même manière que les trafiquants d'êtres humains et des peines d'emprisonnement de plusieurs années sont même prévues dans les textes.
"L'Algérie se définit de plus en plus comme un pays de destination, et elle l'est de plus en plus", décrypte Pascal Reyntjens. "En plus, l'Algérie est préoccupée par sa sureté nationale et la lutte contre le terrorisme". Mais le chef de l'OIM à Alger rappelle aussi que des "mécanismes de référencement" doivent être mis en place pour venir en aide aux personnes migrantes vulnérables et pour que soient traitées les demandes de ceux qui ont besoin d'une protection internationale.