Ebola en RDC, une urgence mondiale
19 juillet 2019Selon le quotidien die tageszeitung, c'est presque un miracle que l'épidémie ne se soit pas propagée au reste du Congo et aux pays voisins.
La capitale du Nord-Kivu est située à quelques kilomètres du Rwanda. Des milliers de commerçants et de voyageurs traversent quotidiennement la frontière.
Si le virus venait à se répandre à Goma, il est probable que les autorités rwandaises fermeraient leur frontière pour des raisons de sécurité, estime la taz.
Le journal rappelle par ailleurs qu'outre le vaccin, c'est la première fois, au niveau mondial, que des traitements sont utilisés pour empêcher le virus de se propager dans l'organisme.
Encore faut-il que le médicament soit administré rapidement après l'infection, ce qui n'a pas été le cas pour le pasteur de Butembo qui a apporté la maladie à Goma.
L'épidémie d'Ebola en RDC est la plus meurtrière depuis l'apparition du fléau en 2014 en Afrique de l'Ouest, rappelle la taz.
Plus de 2500 personnes ont été infectées depuis 2018, environ 1680 ont succombé, renchérit le Handelsblatt, qui juge que "la fin de l'épidémie n'est pas en vue".
L'Organisation mondiale de la Santé estime désormais que le risque est "réel" de voir la maladie se propager aux pays de la sous-région : l'Ouganda, où un cas a été recensé, mais aussi le Rwanda, le Burundi et la Tanzanie.
Elle a décidé d'élever Ebola au niveau d'urgence de santé mondiale pour permettre le déblocage rapide de fonds internationaux et pouvoir mettre en place des quarantaines et des avertissements aux voyageurs.
Le trafic aérien à destination et en provenance du Congo pourrait être suspendu, ce qui aurait des répercussions sur les itinéraires et sur le tourisme en Afrique. La Tanzanie, en particulier, tire d'importants revenus du tourisme.
Après l'épidémie d'Ebola qui a frappé l'Afrique de l'Ouest en 2014, poursuit le Handelsblatt, l'OMS a été plus rapide à réagir en RDC. Elle est depuis le début de l'épidémie en août 2018 au premier plan dans la riposte avec des centaines d'experts déployés.
Mais la violence dans le nord-est du Congo entrave le succès de la riposte. Sans les nombreuses attaques contre les centres de santé, l'épidémie serait vaincue depuis longtemps, estime le Sénégalais Ibrahima Socé Fall, directeur général adjoint de l'OMS pour les urgences globales, dans une interview accordée au Handelsblatt.
BILD et les réfugiés climatiques
Le quotidien populaire BILD estime qu'un "débat géant" est relancé, avec les déclarations de la capitaine du Seewatch 3, l'Allemande Carola Rackete. Celle-ci a estimé dans une interview avec BILD que l'Europe devait s'attendre à "une migration causée par des circonstances extérieures comme le climat".
Alors le journal s'interroge, sous forme de questions-réponses, d'abord sur le nombre des réfugiés climatiques. Selon la Banque mondiale, ils pourraient être 140 millions à travers le monde d'ici à 2050.
Combien sont déjà en route ? Entre 2008 et 2013, l'OIM estime à plus de 265 millions le nombre de personnes ayant quitté leur foyer après des catastrophes environnementales, sans pouvoir toutefois lier directement cette migration au changement climatique.
À la question de savoir si le climat peut être considéré comme un motif de fuite, le quotidien rappelle qu'il n'y a pas d'obligation légale pour les États à accueillir des "migrants climatiques".
Ni le droit d'asile allemand, ni la convention de Genève sur les réfugiés ne reconnaissent le climat comme un motif de fuite.
Des afro-descendants découvrent l'Afrique
Dans un registre plus léger, la Süddeutsche Zeitung raconte le succès d'une agence de tourisme américaine qui propose des voyages en Afrique pour les afro-descendants souhaitant découvrir leurs origines.
L'initiateur, lui-même afro-américain, a décidé de prendre à la lettre l'injonction #gobacktoafrica, chère aux Américains qui souhaitent renvoyer les étrangers chez eux… Bien avant les déclarations fracassantes du président Trump, cette semaine, contre des élues démocrates d'origine immigrée.
Il organise donc des voyages en Afrique du Sud, au Sénégal ou encore au Ghana. Jusqu'ici, raconte Eric Martin, il y avait une "barrière culturelle artificielle" car l'Afrique est présentée dans les médias comme un continent de désolation, où la faim, les maladies et la corruption dominent. L'industrie du tourisme ne s'adresse qu'aux blancs, avec des images dignes de l'époque coloniale.
Eric Martin et ses partenaires ont développé un programme qui donnent une nouvelle image de l'Afrique : vacances à la plage en Érythrée, cours de yoga au Nigeria ou encore randonnées VTT au Rwanda.
La plupart des voyages affichent complet, les clients veulent découvrir leurs racines sur un continent d'où sont partis leurs ancêtres esclaves.
Du côté africain, justement, certains pays ont compris que le marché américain est prometteur, raconte encore la Süddeutsche. Le Ghana célèbre actuellement "l'année du retour" : il y a 400 ans, le premier navire chargé d'esclaves ouest-africains jetait l'ancre en Virginie.
Le pays a transformé en attraction touristique les 34 forts où on enfermait les esclaves, avec des belles plages et des bons restaurants. Si les visites de célébrités comme Naomi Campbell ou Jérôme Boateng ont été accompagnées d'un programme humanitaire détaillé, avec don à des orphelinats à la clé, Eric Martin veut, lui, simplement "rétablir un lien" avec le continent de ses aïeux.