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L'éducation, la meilleure arme du vivre-ensemble

Robert Adé
24 janvier 2024

La journée internationale de l'éducation (24.01) met l'accent sur le rôle essentiel que jouent les enseignants dans la lutte contre les discours de haine.

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Un enseignant dirige sa classe sous un arbre à Moho, un village de la province du Nord du Cameroun
L'Unesco rappelle qu'une éducation de qualité n'est pas un luxe mais un droit humain Image : Getty Images/AFP/R. Kaze

"Si la haine commence par des mots, la paix commence par l’éducation" a déclaré Audrey Azoulay, directrice générale de l'Unesco. L'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture est à l'origine de la journée internationale de l'éducation, célébrée tous les ans, le 24 janvier. "Ce que nous apprenons change notre vision du monde et influence la manière dont nous traitons les autres", poursuit Audrey Azoulay. "L’éducation doit donc être au cœur de nos efforts pour parvenir à la paix dans le monde et préserver celle-ci."

Dans un entretien accordé à la DW, le secrétaire général du Syndicat national autonome de l'enseignement secondaire au Cameroun, Roger Kaffo Fokou, trouve le thème retenu cette année par l'Unesco pertinent et actuel par rapport au contexte camerounais, mais aussi international. Ecoutez ou lisez ci-dessous son interview.

Retranscription de l'interview 

"L'éducation c'est plus qu'un outil pour trouver du travail" (Roger Kaffo Fokou)

Roger Kaffo Fokou : C'est un message qui est destiné aux Camerounais. Il faut que l'éducation joue le rôle de ciment. Pas le rôle de cloison, de séparation. Au Cameroun, je crois que c'est un véritable appel à faire mieux que ce qu'on a fait jusqu'ici.

DW : Aujourd'hui avec l'ascension des réseaux sociaux, pensez-vous que l'éducation peut toujours servir de socle pour la paix dans nos sociétés ?

Roger Kaffo Fokou : Je crois qu'il y a une lacune au niveau de l'éducation à l'utilisation des réseaux sociaux. Lorsqu'on prend les différents programmes d'éducation actuels, on n'a pas prévu grand-chose pour éduquer les gens aux médias, aux réseaux sociaux. Du coup, ces réseaux, soit ils nous tombent sur la tête, soit nous y tombons et on finit par croire que les réseaux sociaux sont forcément mauvais mais comme outils, on doit apprendre aux gens à s'en servir. On doit leur montrer quels sont les risques qui sont inhérents à la mauvaise utilisation de ces réseaux. Pour l'instant, ce n'est pas fait.

C'est un travail à faire en amont, partir de la planification même des programmes. Et là, cela va rentrer dans le cursus de formation des enseignants et dans les programmations dans les salles de classe.

Je crois que tout le monde en profiterait si on prenait conscience de ce que l'éducation à la paix, ce n'est pas quelque chose qui survient comme une génération spontanée. C'est quelque chose qui se planifie, qui s'organise, qui se prépare. Pour l'instant, ce n'est pas exactement ce qui est en train de se faire.

DW : Pensez-vous que l'éducation peut contribuer à diminuer les effets du terrorisme ou à l'enrayer dans le Sahel ?

Roger Kaffo Fokou : Je crois que, ce qui manque aujourd'hui à la plupart des Etats, c'est de cesser de considérer que l'éducation, c'est juste un outil pour trouver du travail. Il faut considérer qu'au-delà du besoin nécessaire de travailler à la sortie des études, il y a un besoin fondamental qui est celui du vivre-ensemble. L'éducation est à mon avis, la seule arme qui peut être réellement efficace pour atteindre cet objectif.  

 

Vue aérienne de Dakar depuis un avion
Robert Adé Correspondant au Sénégal pour le programme francophone de la Deutsche Welledw_francais