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Des cyberattaques menacent les élections allemandes

Janosch Delcker | Reliou Koubakin
8 décembre 2024

Les inquiétudes grandissent quant aux efforts déployés par des acteurs antidémocratiques pour influencer l'opinion publique via la manipulation en ligne.

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Un code binaire affiché sur un smartphone et sur un écran d'ordinateur à Chania, en Grèce, le 9 août 2024
L'Allemagne se prépare aux menaces numériquesImage : Nikolas Kokovlis/NurPhoto/IMAGO

L'Allemagne se prépare à faire face aux menaces numériques à l'approche des élections législatives.  

 Alors que le pays doit élire un nouveau parlement le 23 février, les autorités et les chercheurs s'inquiètent de l'impact potentiel des opérations de piratage et de fuite et des campagnes de désinformation visant à influencer l'opinion publique ou à semer la discorde avant le scrutin. 

Dans une analyse récente, l'agence allemande de renseignement intérieur, a mis en garde contre des  "tentatives d'influence de la part d'États étrangers".

Claudia Plattner, présidente de l'agence allemande de cybersécurité, l'Office fédéral de la sécurité de l'information (BSI), s'est fait l'écho de cette mise en garde en déclarant à la presse que, "des forces à l'intérieur et à l'extérieur de l'Allemagne ont des intérêts à s'attaquer au processus électoral et à perturber l'ordre démocratique"

Le chancelier Olaf Scholz au cours d'une session au parlement allemand
Scholz devrait se soumettre à un vote de défiance le 16 décembre, ouvrant ainsi la voie à de nouvelles élections.Image : Kay Nietfeld/dpa/picture alliance

Les élections anticipées, organisées dans des délais très courts, posent non seulement des problèmes logistiques aux autorités, mais interviennent également à un moment où les tensions politiques sont exacerbées. 

Menace externe et interne

Selon les experts, les cyberattaques visant des personnalités et des organisations de premier plan peuvent constituer une menace importante pour les élections.

Une fois obtenues, les données sensibles peuvent être utilisées dans le cadre d'opérations coordonnées de "piratage et fuite", au cours desquelles des documents volés - souvent modifiés ou sortis de leur contexte - sont diffusés pour saper la crédibilité des candidats ou des partis politiques. 

"Dans le contexte de la guerre d'agression russe contre l'Ukraine, la Russie a probablement le plus grand et le plus évident intérêt à influencer l'élection en sa faveur", a averti fin novembre, l'Office fédéral de protection de la Constitution (BfV), l'agence allemande de renseignement intérieur. 

Mais, les acteurs nationaux opérant depuis l'Allemagne, représentent un risque tout aussi important pour l'intégrité des élections, explique à la DW Josef Lentsch, en charge d’une conférence sur la tech qui aura lieu fin janvier à Berlin. 

"La sphère publique a évolué", a-t-il déclaré. "Les acteurs antidémocratiques utilisent désormais des canaux sur des plateformes de messagerie comme WhatsApp et Telegram, ainsi que des plateformes de médias sociaux comme TikTok, pour contourner les fonctions de filtrage des médias traditionnels et d'autres entités de confiance."

Les acteurs extrémistes marginaux et les partis tels que l'Alternative pour l'Allemagne (AfD), un parti d'extrême droite, ont passé des années à construire cette "infrastructure numérique alternative", a déclaré M. Lentsch. "En conséquence, ils ont aujourd'hui près d'une décennie d'avance sur les autres acteurs, tels que les partis établis." 

La montée de la propagande via l’IA 

En Allemagne, aucun parti n'a construit une "infrastructure numérique" plus importante que l'AfD pour faire passer ses discours, explique à la DW Katja Munoz, chargée de recherche au Centre pour la géopolitique, la géoéconomie et la technologie de l'institut allemand de recherche sur la politique étrangère (DGAP), basé à Berlin.  

Au sein de ce réseau, de nombreux comptes de médias sociaux interagissent les uns avec les autres pour inciter les algorithmes des plateformes à amplifier la portée des messages, constate Katja Munoz : "Il s'agit d'une manœuvre orchestrée pour faire passer le même message."

Katja Munoz du DGAP (13.09.2022)
La chercheuse Katja Munoz analyse l'interaction entre les médias sociaux et la politiqueImage : Deutsche Gesellschaft für Auswärtige Politik

Parallèlement, de nouveaux programmes d'IA dite générative permettent aux partis et aux individus de créer des messages - du texte aux images et même à la vidéo - beaucoup plus rapidement qu'auparavant. Des responsables de tous les horizons politiques ont commencé à utiliser cette technologie pour créer des illustrations pour des messages sur les médias sociaux, par exemple.   

Protéger le vote 

Selon les experts, une approche multidimensionnelle est nécessaire pour protéger l'intégrité de la campagne et des élections allemandes. 

Pour contrer les cyberattaques, le BfV a créé un groupe de travail spécial chargé de surveiller les menaces. L'agence de cybersécurité BSI propose des séminaires en ligne aux candidats et aux partis pour les aider à sécuriser leurs appareils et leurs comptes en ligne contre les cyberintrusions. 

Selon Katja Munoz, les autorités devraient également intensifier leurs efforts de sensibilisation à la désinformation et à la propagande générée par l'IA : "Les responsables devraient expliquer aux gens comment l'opinion publique est manipulée et comment des opinions marginales sont poussées au centre du débat"