Elizabeth II et le Commonwealth
19 septembre 2022C'est aujourd'hui (19 septembre 2022) qu'ont eu lieu les funérailles de la reine Elizabeth II, décédée après plus de 70 ans de règne.
De son vivant, la monarque de 96 ans a fait 42 fois le tour de la terre et s'est rendue notamment dans les pays du Commonwealth…
Si Elizabeth II n'a, semble-t-il, jamais manqué à ses obligations envers les Etats du Commonwealth, les avis sur son règne sont toutefois parfois critiques au sein de l'organisation. Des interrogations demeurent aussi quant à la posture que son fils, désormais le roi Charles III, adoptera par rapport aux pays membres du Commonwealth.
L'influence du Commonwealth
En plus du Royaume-Uni, Charles III est désormais le souverain de 14 des 56 pays membres du Commonwealth.
Une organisation qui a récemment accueilli de nouveaux membres qui ne partagent aucun lien historique direct avec le Royaume-Uni. Il s'agit notamment du Togo, une ancienne colonie allemande, et du Gabon, une ancienne colonie française.
Ces récentes adhésions ont lieu alors que le Commonwealth du 21e siècle semble confronté à une crise identitaire, en particulier en ce qui concerne son sens et son objectif.
Des noms du pays
Les questions politiques semblent éclipser les liens et l'influence du Royaume-Uni à travers le Commonwealth, en particulier sur le continent africain.
En Afrique du Sud, des villes aux noms historiques comme Port Elizabeth ont été rebaptisées – dans ce cas, Gqeberha.
Au Zimbabwe voisin, Victoria Falls est maintenant connue sous le nom de Mosi-oa-Tunya.
Dans le cas du Zimbabwe, il y a aussi un grand mécontentement contre les sanctions imposées au pays, qui se traduisent par des sentiments ouvertement antiroyalistes.
Douglas Mahiya, porte-parole de l'Association des anciens combattants de la guerre de libération nationale du Zimbabwe, a ainsi estimé qu'il voit peu ou pas de raison pour les Zimbabwéens de pleurer la reine.
La monarchie en question
Ailleurs, les détracteurs de la monarchie ne mâchent pas non plus leurs mots. Uju Anya, professeur en linguistique à l'université américaine Carnegie Mellon, qui examine le rôle de la race et du genre dans les langues, a fait des remarques cinglantes sur la reine et le Commonwealth sur Twitter.
Elle a ainsi rappelé que le règne de la reine a été marqué par une guerre civile au Nigeria, d'où est originaire une partie de sa famille. Le Royaume-Uni a financé, précise-t-elle, ce conflit qui a fait environ deux millions de morts. Selon Uju Anya, le Commonwealth n'a fait que servir de façade pour des pillages coloniaux :
"Elizabeth II était souveraine, était monarque à cette époque. C'était le gouvernement qu'elle supervisait. La couronne même qu'elle avait sur la tête signifiant le fait qu'elle est un monarque est le fruit de pillage. Des diamants, des diamants de sang. Ainsi, le trône sur lequel elle était assise est fait de sang. On ne peut donc pas dire qu'elle était une simple petite vieille dame."
Des hommages
Ce point de vue n'est pas partagé par tous. Parmi les milliers de personnes qui ont fait la queue sur des kilomètres pour rendre hommage à la défunte reine, il y a par exemple Gladys. Originaire du Ghana, elle vit au Royaume-Uni.
"Je suis Ghanéenne, je suis Britannique et je suis citoyenne du Commonwealth, affirme-t-elle. "Elle était notre reine à tous. Elle nous aimait, nous tous. Surtout quelqu'un comme moi, une migrante venue au Royaume-Uni il y a 30 ans."
Alors que le Royaume-Uni organisait ce lundi les funérailles nationales de la reine, il semble qu'il n'y ait pas une vision unanime au sujet de la reine chez ceux dont la vie est liée au passé colonial britannique, avec ou sans le Commonwealth.
Certaines voix estiment toutefois que le Commonwealth pourrait se redéfinir sous le roi Charles III. Ce dernier a déjà déclaré qu'il souhaitait poursuivre le dialogue - dans l'esprit de réparer les torts historiques.