En Guinée, le pouvoir accusé d’avoir truqué la Constitution
27 mai 2020Des juristes guinéens dénoncent notamment le retrait de la loi sur la candidature indépendante. Une loi qui permettait de se présenter à l’élection présidentielle sans appartenir à un parti politique.
Un avocat au barreau de Guinée indique que le texte fondamental a été modifié. Selon maitre Pépé Lamah, le texte qui a été soumis au référendum, est différent de celui publié au journal officiel le 14 avril 2020.
La Constitution promulguée privée d’un article clé
L’une des plus importantes modifications concerne la loi sur la candidature indépendante. Une loi qui offre la possibilité à tous citoyen remplissant les conditions d’éligibilité de se présenter aux élections sans appartenir à un parti politique.
"Le projet qui a été publié au journal officiel en 2020 comportait 157 articles et le document publié récemment comporte 156 articles. Des dispositions ont été complément modifiées, certaines d’ailleurs supprimées. Le projet de la candidature indépendante était prévu à l’article 42. À notre grand étonnement, la candidature indépendante a complément disparu du document qui a été publié au Journal officiel", a dénoncé maitre Pépé Lamah.
Certains acteurs de la société civile ont soutenu la nouvelle Constitution en raison justement de la loi sur la candidature indépendante.
Déception des acteurs de la société civile
Ahmed Sékou Traoré se sent trahi. Il explique que désormais, les plateformes de la société civile s’organisent pour comprendre les raisons de cette falsification de la nouvelle Constitution.
"Nous avons comparé les documents parce qu’il y a eu l’avant-projet et le projet et nous avons constaté qu’il y a eu un changement au niveau de l’article 42. Là où on parlait d’une possibilité d’une candidature indépendante. Nous constatons que tout se résume maintenant aux partis politiques. Cela nous choque parce que nous n’avons pas fait la campagne pour nous même mais nous l’avons fait pour les citoyens. Nous avons le devoir de défendre leur cause qui est la cause commune".
Des organisations de la société civile ont commencé à se mobiliser tandis que le pouvoir refuse pour l’instant de réagir à ces accusations. Nos tentatives pour recueillir la réaction des autorités du ministère de la Justice sont restées vaines.
Pour leur part, les principaux partis politiques réunis au sein du Front national pour la défense de la Constitution continuent de ne pas reconnaitre les résultats du référendum du 22 mars 2020.