En Irak, le pape François dit venir en "pèlerin de la paix"
5 mars 2021Jamais en 2.000 ans d’histoire, un pape ne s’était rendu en Irak, pourtant considéré comme le berceau des trois grandes religions monothéistes. Car c’est en Irak que serait né Abraham, le prophète commun au christianisme, au judaïsme et à l’islam.
Le pape Jean Paul II avait tenté en vain de s’y rendre en 2000. Cette fois, c’est donc la bonne. Malgré la situation sécuritaire précaire dans un pays régulièrement frappé par des attentats et des tirs de roquettes contre les intérêts occidentaux.
Malgré aussi la crise du coronavirus. Le pape François, 84 ans, est vacciné contre la Covid-19 mais l’Irak connaît ces derniers jours un nombre record de contaminations et le danger pourrait être pour les gens qui vont se rassembler pour sa visite.
Alors tout sera fait pour assurer la sécurité du Pape François mais aussi éviter que cette visite ne crée des foyers de propagation du virus parmi la population.
Pas de "Papamobile" cette fois, pas de bains de foule comme il en a l’habitude. Au lieu de cela, des déplacements en voiture blindée, en hélicoptère et en en avion.
Lieux symboliques
En tout, c’est un voyage de 1.400 kilomètres que va faire le chef du Vatican, sous la protection de la Golden division, l’unité d’élite irakienne.
Si le Vatican souligne que c’est un déplacement à la rencontre de toutes les confessions, une place particulière est réservée aux chrétiens d’Orient, persécutés depuis la chute de Saddam Hussein, avant d’être chassés dans le nord de l’Irak par le groupe de l’Etat islamique.
Avant 2003, plus d’un million de chrétiens vivaient dans le pays. Aujourd’hui, ils ne sont plus que quelque 400.000, soit à peine 1% des 40 millions d’Irakiens.
C’est ainsi que le pape donnera une messe dimanche dans un stade à Erbil, la capitale du Kurdistan irakien, au nord du pays. C’est vers cette ville que de nombreux chrétiens avaient fui les combats lorsque les djihadistes s’étaient emparés de Mossoul pour en faire leur fief avant d’en être délogés en 2017.
Mossoul qui constituera d’ailleurs un autre arrêt symbolique pour le pape pendant cette visite de trois jours.
Priorité aux chiites
Au-delà des chrétiens, un autre moment historique sera la rencontre demain (06.03) du souverain pontife avec le grand Ayatollah Ali Sistani, une figure reconnue dans le monde arabe chiite, les chiites étant majoritaires à 60% en Irak.
Une première, alors que jusque-là le pape François c’était surtout attelé à réconcilier le Vatican avec le monde sunnite en rencontrant à de nombreuses reprises le grand imam de l’université Al-Azhar au Caire.
Mais pour ne froisser personne, une prière inter-religieuse avec des représentants de toutes les confessions du pays aura lieu demain sur le site archéologique d’Ur, considéré comme le lieu de naissance d’Abraham.