RDC, Kinshasa inondée par la crue du fleuve Congo
12 janvier 2024La menuiserie de Papa Jacques n’existe plus. Sur un coin de terrasse d’un débit de boisson, les pieds dans l’eau, il s’est aménagé un établi, afin de continuer le travail. "Moi je travaille ici, mais mon chantier est là-bas, regrette Jacques, mais avec l’eau, il n’y a pas moyen de travailler. Je fais ça pour me sauver, mais il n’y a pas de place."
Du haut de ses 65 ans, le menuisier n’avait jamais vu une telle situation dans la capitale. Ou si, une fois, en 1961, lorsque la crue du fleuve Congo avait dépassé les six mètres au-dessus du niveau de la mer. "Cela peut atteindre le monde entier, ce genre d’inondation", s'inquiète le sexagénaire.
Des pirogues au lieu des moto-taxis
Dans cette rue du quartier Molokaï, traversée par un affluent du fleuve Congo, les pirogues faites de bric et de brocs ont remplacé les voitures et moto-taxis. De l’eau jusqu’à la taille, Jean, 23 ans, tire les riverains sur son embarcation de fortune contre la somme de 500 francs congolais le passage.
"Tel que vous le voyez, c’est l’eau du fleuve qui a inondé. Chaque année, le fleuve déborde, mais pas à ce point. Au début, on portait les gens sur notre dos pour les aider à traverser. Maintenant, on a fabriqué des pirogues", témoigne le jeune homme.
De l’autre côté, Paul Ngumu, attend son tour pour traverser. Selon lui, le réchauffement climatique n’est pas la seule raison de ce phénomène. Les constructions anarchiques à travers la ville et les tonnes de poubelles qui se déversent dans les différents cours d’eau en sont à l’origine.
"Il y a trop de construction anarchique, constate l'avocat, voilà pourquoi nous assistons à ce type d’événement. Mais surtout, l’insalubrité. Vous voyez la rivière, ce n’est pas une rivière, c’est l’endroit où l’on jette toutes les saletés de la ville de Kinshasa. Donc ça bloque le passage d’eau et quand le fleuve déborde, ça nous revient car la rivière n’est pas en mesure de soutenir cette quantité d’eau."
Mais, Kinshasa n’est pas la seule touchée par ces inondations. Dans un communiqué du 5 janvier, le ministre des Affaires sociales et de l’action humanitaire déplorait 300 morts à travers le pays et plus de 300 000 foyers qui auraient été affectés par la montée des eaux ainsi que les coulées de boue.