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De plus en plus d'enfants victimes du terrorisme au Niger

13 septembre 2021

Des enfants de 15 à 17 ans seraient soit recrutés dans les groupes armés, soit tués lors des assauts contre les civils. Amnesty International s'en inquiète dans un rapport.

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Des jeunes enfants se tiennent à côté d'un soldat français de l'opération Barkhane (Archives - Gao, 30.05.2015)
Selon Amnesty International, plus de 31.000 enfants sont déscolarisés dans la région de Tillabéri (Niger) depuis janvier 2021Image : Getty Images/AFP/P. Desmazes

Le Tchad a récemment retiré une partie de son contingent de la zone des "trois frontières" au Niger. Pour le président nigérien Mohamed Bazoum, ce retrait était "peut-être une bonne chose", car le Tchad est également ciblé par des attaques djihadistes.

Le Niger, le Mali et le Burkina Faso continuent pour leur part de faire face à des violences. Ce week-end, au moins huit soldats ont péri dans des attaques terroristes.

>>> Lire aussi : Niger : la récurrence des attaques djihadistes inquiète des élus

Ces attaques font d'ailleurs de plus en plus de victimes parmi les enfants. Ceux-ci sont soit recrutés dans les groupes armés, soit tués lors des assauts contre les civils.

Maman Sanny Adamou : "Les femmes et les enfants sont sans défense"

Dans un rapport publié aujourd'hui, l'ONG Amnesty International dénonce le recrutement de jeunes enfants de quinze à dix-sept ans, principalement par le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans. Des écoles sont également attaquées. Depuis le début de l'année, plus de 31.000 enfants sont déscolarisés dans la région nigérienne de Tillabéri, révèle Amnesty International.

Selon l'analyste Maman Sanny Adamou, spécialiste des questions de sécurité, les djihadistes sont en quête d'actions d'éclat.

Interview de Maman Sanny Adamou

 

Maman Sanny Adamou : Ce n'est pas surprenant parce que dans ce conflit, les principales victimes ont toujours été les enfants et les femmes. Pourquoi ils recrutent des enfants? Parce que dans les trois pays que vous citez, la pauvreté est endémique. Le dernier rapport de la Banque mondiale fait état d'un accroissement de plus de 80.000 personnes qui sont rejetées dans l'extrême pauvreté au Niger. Dans ces conditions, l'attrait pour les entrepreneurs de violence est plus qu'important étant donné que c'est contre des espèces sonnantes et trébuchantes. C'est le même phénomène qui pousse les Africains à se mettre dans des embarcations de fortune, et tenter de rejoindre l'Europe.

>>> Lire aussi : Les attaques djihadistes se multiplient dans le Sahel

C'est aussi les jeunes qui sont les victimes parce qu'en grande partie, les personnes âgées sont beaucoup plus avisées. Et très souvent, ce sont elles qui sont les premières à quitter les endroits et le plus souvent, on trouve des femmes et des enfants presque sans défense et les terroristes se jettent sur leurs proies.

DW : Lors d'une visite vendredi (10.09.2021) dans la région de Tillabéri, le président du Niger, Mohamed Bazoum, a affirmé que le rapport de force avait considérablement changé en faveur bien sûr des forces armées nigériennes. Et il ajoute que c'est pourquoi les djihadistes se rabattent sur des populations désarmées innocentes. Est-ce que ce que dit Amnesty International a son explication dans les propos du président Mohamed Bazoum ?

"Une fille qui est allée à l'école est plus propre"

Maman Sanny Adamou : Si c'est vrai que, chaque fois que nos forces de défense et de sécurité conjuguent leurs efforts et leurs instruments, ils remportent des victoires, il est trop tôt, à mon avis, pour avancer que le rapport de force a considérablement basculé.

DW : Est-ce que vous êtes en train de dire que les djihadistes, quand ils arrivent, ils n'arrivent pas forcément avec l'intention de s'en prendre particulièrement à la cible que constituent les enfants ?

Maman Sanny Adamou : Lors d'une attaque, sur le champ, les enfants sont principalement des premières victimes, parce que c'est très difficile de savoir où aller !

>>> Lire aussi : Niger : les civils pris pour cible par les djihadistes

DW : La plupart de ces enfants sont des écoliers. Est-ce que le fait qu'ils comptent parmi les victimes arrange aussi les djihadistes ? Parce que l'émotion est vive et peut être même, la population a tendance à se révolter contre les dirigeants qu'elles accusent de ne pas suffisamment les protéger ?

Maman Sanny Adamou : Oui, parce que ce sont des cibles ces écoles. Par exemple, s'ils (les djihadistes) trouvent une école, ils assassinent le chef ou les maîtres d'école. Parce que pour eux, l'école ça diffuse une culture impie. Donc la fermeture des écoles conforte leur position d'une part, et de l'autre, ça donne une grande visibilité à leurs actions parce que tout est lié à la recherche d'une hyper médiatisation. C'est-à-dire qu'il faut faire un coup d'éclat et chaque fois qu'ils arrivent à créer la panique et la psychose dans la population, eh bien, on peut dire que l'objectif est en partie atteint.
 

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Photo de Fréjus Quenum, en interview dans le studio de la Deutsche Welle à Kinshasa en RDC (05.12.2024)
Fréjus Quenum Journaliste, présentateur et reporter au programme francophone de la Deutsche Welle@frejusquenum