Face au terrorisme, l'Allemagne hésitante
18 novembre 2015Tous les grands quotidiens allemands s’inquiètent du ton guerrier adopté par François Hollande, quelques jours après les attentats de Paris: "trop de questions restent ouvertes", avertit la Süddeutsche Zeitung. Les États membres ont "le droit de poser quelques questions: Qui va décider des termes de cette guerre? Quelle est la stratégie (qui est) poursuivie par la France, est-ce qu’il est vraiment question maintenant de s’allier au dictateur syrien Bachar Al-Assad, un meurtrier qui a utilisé des gaz toxiques contre sa propre population, comme Paris l’envisage ?", interroge le journal munichois, avant de conclure : "Les querelles vont être acharnées au sein de l’Union."
Même raisonnement dans les colonnes de la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Rien ne porte à croire "que l’Europe pourra s’unir dans la réponse à donner au terrorisme", alors qu’elle s’est montrée "profondément divisée face à la crise migratoire". Mais "ni l’Union, ni l’Allemagne ne peuvent en rester à un geste symbolique, ce qui ne veut pas dire que l'Allemagne doit accepter toutes les décisions venues" de Paris, rappelle le quotidien de Francfort.
Vers un rapprochement avec la Russie?
Si la France a fait appel à l’Union plutôt qu’à l’OTAN, c’est entres autres "pour pouvoir impliquer la Russie dans ses actions, sans que les disputes actuelles entre Moscou et l’OTAN n’interfèrent", explique die tageszeitung depuis Berlin. Ce rapprochement ne séduit pas la presse allemande. Pour le Spiegel, de Hambourg, miser sur un maintien au pouvoir de Assad pour résoudre la guerre civile syrienne est une "erreur fondamentale". "Il n’y aurait pas de Daesh, sans le règne de la peur de Assad. Il n’y aurait pas de Daesh, si Assad n’avait pas réprimé de la manière la plus vile et la plus barbare les manifestations pacifiques de 2011", affirme l’éditorialiste.
Avant de conclure : "Notre colère, notre tristesse ne doivent pas brouiller notre analyse. Rappelons-nous de la décision de Georges Bush Jr. d’envahir l’Irak, en 2003. Sommes-nous donc damnés à réagir au terrorisme par des réflexes défensifs basés sur des erreurs géopolitiques ?".