Grève du secteur de la santé au Cameroun

Au Cameroun, la grève des personnels de santé des hôpitaux publics dure depuis plus d'une semaine désormais. A l'origine de ce mouvement : le fait que 27.000 employés des hôpitaux ne sont plus payés depuis dix ans… leurs salaires se limitant au versement ponctuel de diverses primes.

A ceci s'ajoute le fait qu'ils travaillent sans contrat et sans couverture sociale. Après plusieurs réunions de crises, aucun accord n'a été trouvé entre le gouvernement et le personnel soignant. La grève pourrait se généraliser dans tous les hôpitaux publics du Cameroun dans les prochains jours.  

Des femmes en blouse blanche assises au sol

Au centre des urgences de Yaoundé, l'ambiance est inhabituelle. Une cinquantaine d'hommes et de femmes en blouse sont assis à même le sol, pancartes en main, scandant des messages pour dénoncer leur situation.

Selon Roland Ngah, hygiéniste au centre d'urgence, les autorités n'ont jamais pris en compte leurs revendications."On a été recruté en 2015 quand la contractualisation nous a été promise et jusqu'à ce jour, rien n'a été fait, s'agace-t-il. On a essayé certaines voies de recours, ça n'a pas marché. Chaque fois qu'on est allé vers la hiérarchie, nous n'avons reçu que des intimidations, des menaces ou du chantage. On a cédé à toutes ces choses depuis neuf ans, on en a marre."

Ras-le-bol accumulé

En effet, plus de 27.000 agents de santé, soit 60% des effectifs embauchés comme intérimaire dans les hôpitaux publics du Cameroun, travaillent dans des situations irrégulières.

Pourtant, ils constituent l'essentiel du personnel de ces établissements.

Au centre Jamot où le mouvement de grève est également observé, Mireille Mballa, infirmière principale, nous apprend que la situation s'est extrêmement dégradée depuis plus de quinze ans. Selon elle, "le premier problème, ce sont les temporaires qui sont en service actuellement. On en trouve qui ont déjà 10, 13 ou 15 ans sans matricule. Nous demandons que le gouvernement prenne ses responsabilités."

Pas de salaire, pas de sécu

En plus de cela, ces derniers n'ont perçu aucun salaire pendant toutes ces années et ils ne bénéficient pas de la sécurité sociale.

Balla Balla, le président du syndicat national des personnels médico-sanitaires du Cameroun, dénonce la mauvaise foi des responsables de ces structures sanitaires :

"Ces personnels ne reçoivent effectivement pas d'argent dans beaucoup de formations sanitaires, surtout celles qui se trouvent dans les zones reculées. Il y en a d'autres qui reçoivent quelque chose qui leur permette de prendre le taxi pour aller travailler. Mais certaines formations sanitaires soustraient encore cette somme, disant qu'on reverse cet argent à la caisse nationale de prévoyance sociale, pourtant c'est faux."

Après deux réunions de conciliations entre le gouvernement et les syndicats, il n'y a pas encore eu d'issue et la grève est en train de se généraliser à l'ensemble du pays.