Guinée : des concertations pour préparer la transition
13 septembre 2021La concertation nationale en Guinée est une série de rencontres (du 14 au 17 septembre), censées réunir toutes les composantes de la société et qui devrait déboucher sur l’élaboration d’une Charte et la formation d’un gouvernement de transition. Ceci rassure l’ancien ministre guinéen de la Justice, Cheick Sako.
En fonction depuis 2014, celui-ci a démissionné en mai 2019 pour marquer son opposition à la modification de la Constitution qui a permis au président Alpha Condé de briguer un troisième mandat. Cheick Sako salue une démarche qui lui "plait beaucoup puisque c'est important que la junte écoute les autres forces vives de la nation, notamment les partis politiques, la société civile et d'autres forces".
Scepticisme et optimisme
Certains acteurs politiques et de la société civiles ont cependant exprimé leurs réserves car ils indiquent n’avoir pas été invités par la junte militaire.
D’autres jugent le temps prévu pour ces concertations trop court et le format peu cohérent.
Mais ce n’est pas le cas de Lansana Faya Millimono, président du parti d'opposition Bloc Liberal. Ancien candidat à l’élection présidentielle en Guinée en 2015, il est aussi le coordinateur de la Coalition politique pour la rupture (CPR), regroupant une dizaine de formations politiques.
Selon lui, "avant de critiquer, il faut d'abord qu'on s'y rende, qu'on voit ce qu'ils ont prévu au menu. Ce sont les erreurs que nous devons commencer à éviter. Ils ont pris le pouvoir. Il faut bien qu'il y ait une première prise de contact pour que, s’ils organisent de telle sorte que les gens puissent s'exprimer, ça permette d'entendre des suggestions et d’organiser quelque chose de beaucoup plus formel."
Les réformes comme priorités
La réforme de l’Etat doit être la priorité, selon l’ancien ministre de la Justice, Cheick Sako, qui au passage se positionne comme candidat à des responsabilités politiques.
"C’est un changement radical. Il faut mettre les compteurs à zéro. Il faut surtout, comme l’a dit la junte, refonder l’Etat. Il appartiendra aux autorités militaires de choisir les civils capables de faire quelque chose pour le pays. Moi, je suis disponible", affirme-t-il.
Pour sa part, Lansana Faya Millimono, propose de "mettre en place une Constitution digne de ce nom, se doter d'une nation véritablement forte et durable et amorcer l'établissement de la vérité, de la justice pour ouvrir la voie à une véritable réconciliation dans notre pays."
Les militaires conduits par le colonel Mamady Doumbouya recevront ce mardi les chefs des partis politiques, puis ceux des confessions religieuses. Puis ce sera le tour des organisations de la société civile et des représentations diplomatiques. Jeudi, celui des compagnies minières implantées en Guinée, puis des organisations patronales. Enfin, vendredi, les banques et les syndicats.
On ne sait toujours pas si le sort de l’ancien président, Alpha Condé, détenu depuis sa capture le 5 septembre dernier par les militaires, sera évoqué au cours de ces discussions.
Non aux sanctions
Le chef de file de l'opposition au président guinéen Alpha Condé a appelé samedi(11.09) la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) à ne pas imposer de sanctions économiques à son pays après le putsch, un événement "bienvenu" faute d'autre recours.
Cellou Dalein Diallo, ancien Premier ministre (2004-2006) et candidat malheureux aux présidentielles de 2010, 2015 et 2020 contre Alpha Condé, a aussi estimé dans un entretien avec l'AFP que les organisations africaines avaient perdu trop de crédibilité dans les contextes malien et tchadien pour empêcher le chef des putschistes de diriger une période de transition.