Incendies : pressions sur le président brésilien Bolsonaro
27 août 2019Des incendies ravagent toujours l'Amazonie en Amérique du Sud. Difficile de savoir combien de foyers sont encore actifs, mais ils sont très nombreux, des centaines, des milliers peut-être même lorsqu'on regarde les images satellites. De son côté, le gouvernement sur place indique que tout est "sous contrôle". Il a même refusé 20 millions de dollars d'aide proposée par le G7. Mais la pression civile et politique ne cesse de grandir sur le président brésilien.
Lire aussi → Les forêts d'Afrique aussi brûlent, mais pas comme l'Amazonie
150.000 incendies depuis le début de l'année
Rio de Janaiero, Santiago, Bruxelles ... Les manifestations contre la politique climatique du président Bolsonaro se multiplient depuis plusieurs jours. Il y a urgence, disent les manifestants. Près de 4.000 départs de feux ont été recensés depuis début août par l'agence spatiale européenne, sur les cinq millions de kilomètres carrés de la forêt amazonienne. Quatre fois plus qu'à la même période l'an dernier. Au total, près de 150.000 incendies ont déjà ravagé l'Amazonie depuis le début de l'année.
Manifestations
Alors, dans les rues de Rio de Janeiro, une pancarte "Stop au facisme" dans les mains, Denise Pamplona s'énerve que son président n'accepte pas l'aide internationale. "Macron et les dirigeants du sommet s'approchaient d'un accord sur la façon de soutenir le Brésil. Que les gens parlent de cela, je pense que c'est nécessaire, parce que Bolsonaro fait tout de travers", estime la manifestante. "La question n’est plus de savoir s'il y a eu déforestation en Europe, dans le passé. Maintenant ils plantent là-bas ! Et c’était une autre époque. Il faut aujourd'hui tout préserver : l’Amazonie et tout le reste."
Les manifestations comme celle-ci, contre le président brésilien et sa politique, se multiplient. Les chefs des plus grandes entreprises du pays ont publié un communiqué il y a quelques jours se disant "préoccupés" des conséquences des politiques environnementales du président pour l'économie du pays. Pendant le G7, le week-end dernier, le président français Emmanuel Macron a menacé de ne pas ratifier l'accord de libre-échange entre l'Union européenne et le Mercosur, dont fait partie le Brésil.
La classe politique locale et l'opposition montent aussi au créneau. L'ancien ministre de l'Environnement du Brésil, Carlos Minc, manifestait lundi, à Rio de Janeiro. "En 2008, nous avons créé le Fonds Amazone, 80.000 emplois durables, de l'argent pour combattre les incendies", raconte-t-il. "Ricardo Salles, le ministre de l'Environnement du Brésil et Bolsonaro démontent tout cela en peu de temps. Ils sont les véritables exterminateurs de l'avenir durable. Bolsonaro est un pyromane. C'est une personne qui n'a aucune estime de la vérité, du climat, du peuple de la forêt."
Appel au départ du chef de l'Etat
Lundi soir le chef indien Raoni, dont les compatriotes vivent en territoire brésilien, appelait même à tout faire pour "faire partir le plus vite possible" le président brésilien. Aux frontières du Brésil, la pression s'accentue aussi. Une manifestation a eu lieu en Bolivie ce lundi 26 août. "Les incendies sont revenus hier soir et apparemment l'avion qu'ils ont apporté n'a pas vraiment fonctionné, alors nous avons besoin d'aide internationale", expliquait, dans les rangs des manifestants, une jeune fille, très inquiète. "Ça fait plus de 20 jours et ils brûlent toujours. La région de Chiquitania est très importante pour moi."
Sept Etats ont pour l'heure déployé soldats et pompiers pour lutter contre les flammes. En baisse de popularité dans les sondages d'opinion, le président brésilien a lui aussi annoncé une enquête sur des producteurs accusés d'avoir organisé une "journée du feu" en soutient à ses propres efforts … pour affaiblir la protection de l'environnement.