Faut-il instaurer une journée internationale des chômeurs ?
4 novembre 2024En République démocratique du Congo, plus de 80% de la population est sans emploi officiel, dans un pays où la majorité de l'économie appartient au secteur informel. Ceci selon les chiffres de l'Agence nationale d'investissement. Le Front commun contre le chômage affirme qu'en établissant une journée internationale pour les chômeurs, les Etats subiront une plus grande pression pour créer des emplois.
Un taux de chômage en hausse
La déclaration du Front commun contre le chômage au Congo intervient alors que le taux de chômage mondial, qui était de 5,1% en 2023, devrait augmenter en 2024, selon l'Organisation internationale du travail (OIT).
Le FCCC estime qu'une journée internationale consacrée aux chômeurs serait une bonne occasion pour inciter les Etats à soutenir la création d'emplois, comme l'explique Papy Mbumba, son président :
"Dans d'autres pays, on ne maîtrise même pas les statistiques, rappelle Papy Mbumba. Cette journée a une grande importance. Durant cette journée, on doit réfléchir : que faut-il faire pour réduire le taux de chômage dans le monde entier ? Nous sommes des millions et des millions qui n'avons pas d'emploi. Mais personne n'en parle. C'est une journée où on va montrer la capacité de mobilisation des chômeurs dans le monde entier. On va montrer la place des chômeurs dans tous les pays du monde. Les chômeurs, nous souffrons."
Avec un taux de chômage officiel à 84%, la République démocratique du Congo est un des pays les plus mal classés au monde.
Une journée internationale, pour quoi faire?
Mais les Congolais sans emploi ne comprennent pas comment l'instauration d'une journée internationale des chômeurs pourrait les aider. Rachel Bibiha a un diplôme d'infirmière depuis cinq ans. Mais elle est toujours sans emploi.
"Ce qui est important pour moi, c'est avoir du travail pour m'occuper de ma famille, déclare-t-elle. Les travailleurs ont une journée internationale parce qu'ils ont du travail. La journée internationale des chômeurs viendrait se moquer des nous. Qu'on nous trouve d'abord du travail !"
La RDC est confrontée à un chômage de masse et le pays aurait besoin d'une politique visant à soutenir la création d'emplois par les entreprises privées, pour réduire notamment le secteur informel.
"Je crois qu'il faut des politiques claires pour la création d'emplois. Beaucoup de secteurs en République démocratique du Congo sont casés du côté de l'informel. Il faut aider les entreprises qui sont dans le secteur formel", recommande l'économiste Matthieu Takizaka.
Le Front commun contre le chômage en République démocratique du Congo reste néanmoins optimiste. Il soutient que les Nations unies, qui ont permis de penser chaque année aux travailleurs, feront la même chose pour les chômeurs.