Renoncer à son salaire par solidarité, une bonne idée ?
30 novembre 2022C'est une démarche qui est présentée comme un signe de solidarité envers les victimes de la sécheresse et donc de la faim au Kenya : le président William Ruto a décidé de renoncer à un mois de salaire, qui s'élèverait à un peu plus de 16.000 euros. Son vice-président entend faire la même chose. Ces fonds seront utilisés pour venir en aide aux victimes de la sécheresse, une des pires depuis des décennies au Kenya.
Plus de quatre millions, c'est le nombre de Kényans qui seraient touchés par la sécheresse. Face à cette situation, le gouvernement a lancé un appel aux dons en faveur des victimes. Les autorités entendent donc donner l'exemple avec le président, le vice-président et les ministres qui vont renoncer à un mois de salaire. Environ 182.000 euros pourraientt ainsi être reversés grâce à cette initiative.
Cette initiative kényane est une occasion pour nous de voir un peu ce qui se fait dans d'autre pays sur le continent pour soutenir les victimes de catastrophes naturelles.
L'exemple de la RDC
Ailleurs sur le continent, dans un pays comme la RDC, c'est à un autre genre de catastrophe naturelle à laquelle les populations du territoire de Nyiragongo doivent faire face. Récemment, le volcan Nyiragongo est entré en éruption, poussant les populations à fuir.
Le président du Caucus des députés nationaux du Nord-Kivu, Singoma Mwanza, assure qu'à l'époque, des fonds avaient été prélevés sur les émoluments des députés locaux et nationaux, qui varient entre 1.500 et 9.000 dollars, selon les estimations basses.
Le député donne également le cas plus récent des déplacés ayant fui les violences durant les affrontements avec le M23. Les prélèvements et cotisations ont permis, selon Singoma Mwanza, de collecter quelque 200.000 dollars.
Au sujet de l'initiative des autorités du Kenya, il reste quelque peu dubitatif. "Renoncer à un salaire, oui c'est un geste politique je dirais fort, mais cela ne couvrira pas les besoins (…). Ici au niveau de la RDC, on a créé une caisse spéciale beaucoup plus structurée avec des fonds beaucoup plus importants", estime le parlementaire auprès de la DW.
Et quand on demande au président du Caucus des députés nationaux du Nord-Kivu s'il serait prêt à renoncer à son salaire pour soutenir des sinistrés, il répond qu'il le fait déjà. "On n'a pas attendu qu'on nous le demande. On approvisionne les camps de déplacés en eau, en nourriture, en médicaments. C'est un programme qui est pratiquement en continue. C'est financé par mes propres moyens, ce que j'ai va principalement pour aider les électeurs", précise t-il.
Au Tchad, autre pays victime de catastrophes naturelles, notamment des inondations, les autorités ne vont pas jusqu'à renoncer à leurs revenus mais font des dons. En 2020 par exemple, les membres du gouvernement ont fait un don d'une valeur de 17,5 millions de francs CFA au ministère de la Santé publique et de la solidarité nationale pour soutenir les victimes des inondations.
La solidarité ivoirienne
En Afrique de l'Ouest, précisément en Côte d'ivoire, un pays qui fait régulièrement face à des inondations, en plus du plan d'Organisation de secours en cas de catastrophe (Orsec), la solidarité pour aider les sinistrés est une tradition.
C'est en tout cas ce qu'assure Yacouba Sangaré, député de Koumassi. Il s'occupe également de questions environnementales et se dit prêt à renoncer s'il le faut à un mois de salaire mais estime qu'il est préférable de miser sur la prévention.
Selon lui "ce sont des réponses temporaires qui ne sont pas adaptées dans la durée. Il faut se préparer avec des plans bien structurés, des plans de riposte qui sont bien élaborés".
Yacouba Sangaré donne l'exemple du Mozambique où il a séjourné récemment et où les autorités seraient en train de travailler sur un plan d'assurance qui interviendrait en cas de catastrophe naturelle.