L'Allemagne mise à l'épreuve dans la crise ukrainienne
8 février 2022Le chancelier allemand Olaf Scholz reçoit ce mardi (08.02.2022) ses homologues de la France et de la Pologne, Emmanuel Macron et Andrej Duda. Il est question de la situation de l'Ukraine et des tensions avec la Russie. En cas d'attaque russe, les partenaires de l'Otan menacent de prendre des mesures fortes.
L'accent est mis sur le projet gazier Nord Stream 2. A terme, cette infrastructure devrait acheminer du gaz liquide russe vers l'Allemagne principalement mais d'autres pays européens devraient également en tirer profit. Et donc, arrêter Nord Stream 2 ne ferait pas mal uniquement à la Russie.
La force du géant russe Gazprom
Dans un contexte de hausse de la demande d'énergie et d'envolée des prix en Europe, le projet russo-allemand de gazoduc Nord Stream 2 est devenu hautement stratégique.
Le chantier est assuré par Gazprom, l'entreprise russe numéro 1 mondial de production de gaz. L'Etat russe en est le principal actionnaire et décide de l'orientation de l'entreprise.
D'après Eurostat, environ 43% de la consommation européenne de gaz est livrée par la Russie. Le reste provient de la Norvège, du Moyen-Orient, des Etats-Unis mais aussi de l'Algérie et de la Libye.
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Selon Georg Zachmann, expert du marché de l'énergie, la Russie domine ce marché et en profite pour créer de la dépendance. "La Russie utilise le pouvoir du marché que lui confère la masse de livraison de gaz, pour influencer les prix", fait savoir l'expert dans une interview avec la DW.
Dépendance énergétique de l'Allemagne
L'Allemagne est de loin le plus gros consommateur européen du gaz russe. 55% de l'approvisionnement provient de Gazprom. Cela attire d'ailleurs des critiques à la première puissance économique d'Europe, accusée d'hésiter lorsqu'il est question de renoncer au projet Nord Stream 2 pour punir la Russie.
Pourtant, lundi (07.02.2022), lors de sa conférence de presse conjointe avec le président américain Joe Biden à Washington, le chancelier allemand Olaf Scholz a donné l'assurance que son pays allait soutenir la démarche de ses partenaires de l'Otan.
"Il est important entre alliés, Etats-Unis et Allemagne, l'Alliance transatlantique avec les Etats-Unis et l'Europe, que l'on parle d'une même voix. Nous sommes donc très clairement tombés d'accord pour dire que s'il y a une agression militaire contre l'Ukraine, cela entraînera de sévères conséquences, des sanctions sévères sur lesquelles nous avons travaillé ensemble", a insisté le chancelier allemand.
Situation ambarrasante pour l'Allemagne, son ancien chancelier Gerhard Schröder, président du conseil d'administration du groupe pétrolier russe Rosneft, ambitionne de rejoindre le conseil d'administration de Gazprom. Gerhard Schröder qui a récemment pris position pour le Kremlin dans la crise ukrainienne est du parti social-démocrate auquel appartient aussi l'actuel chancelier Olaf Scholz, accusé lui aussi de ménager le pouvoir russe.
Dans la perspective d'une éventuelle rupture avec la Russie, les pays européens veulent s'assurer des alternatives énergétiques. Il est entre autres question du Qatar et des Etats-Unis. Or les Etats-Unis aussi figurent parmi les clients de Gazprom.