La "coalition Jamaïque" échappe à Merkel
20 novembre 2017Près de deux mois après les élections législatives de septembre, l’Allemagne n’a toujours pas de gouvernement. Et pour cause : l’alliance des conservateurs (CDU-CSU) de la chancelière Angela Merkel n’a pas réussi à trouver un consensus avec les libéraux du FDP et les écologistes (Die Grünen). La "coalition Jamaïque" espérée n’a donc pas vu le jour. La coalition jamaïque fait référence aux couleurs du drapeau jamaïcain : noir pour les chrétiens-démocrates de la CDU-CSU, jaune pour le Parti libéral-démocrate (FDP) et vert pour les écologistes.
L’échec de ces négociations est bien le signe que "les petits partis ne se considèrent plus comme petits", observe Die Welt en référence aux Libéraux et aux Verts.
Selon le journal, ces derniers sont convaincus qu’ils ont la chance d’aller au-delà de leur rôle de simple "garant de la majorité" et peut-être même de devenir le parti de la Chancellerie, s’ils s’y prennent bien. C’est ce qui explique que, lors des négociations, les partis se sont comportés comme s’ils jouaient à la roulette, avec pour devise « tout gagner ou tout perdre », conclut le journal.
La Süddeutsche Zeitung s’est intéressée, de son côté, aux propos du président allemand avant l’échec des pourparlers. Frank-Walter Steinmeier avait appelé les différentes factions à prendre leur responsabilité. Il faut savoir lire entre les lignes pour comprendre le message du président qui n’est rien d’autre que : "Ne comptez pas sur moi pour ouvrir la voie aux élections", décrypte le journal de Munich.
La Süddeutsche Zeitung estime que pour Frank-Walter Steinmeier, il n’est pas question de servir "d’agent viscéral de personnes pour qui la reprise d’élections serait une option stratégique".
L'économie va rester stable
Sur le plan économique maintenant, l’impossibilité de trouver un consensus n’aura pas un impact terrible, juge pour sa part Der Spiegel. Certes une instabilité politique n’a jamais été bénéfique pour les finances mais l’impasse actuelle n’est pas de nature à influencer l’économie, estime le magazine sur son site.
"Le pays a un gouvernement intérimaire qui fonctionne. Et que ce soit une grande coalition, un gouvernement minoritaire ou une nouvelle élection, aucun des scénarios possibles ne remettrait en question la stabilité fondamentale de l'Allemagne", note le journal sur un ton optimiste.
Frictions entre l'Arabie saoudite et l'Allemagne
Et puis les critiques du ministre allemand des Affaires étrangères envers l’Arabie saoudite ont suscité l’intérêt des éditorialistes allemands. Sigmar Gabriel avait laissé entendre que le Premier ministre libanais Saad Hariri subirait l'influence de Ryad. Celui-ci avait en effet annoncé sa démission depuis l’Arabie saoudite.
Les Badischen Neuesten Nachrichten estiment que Sigmar Gabriel, en fin de parcours, a cherché délibérément une confrontation avec le royaume saoudien. La Norwest-Zeitung croit savoir, pour sa part, que le chef de la diplomatie allemande aurait mieux fait de se taire.
Une attitude qui, selon le journal, aurait évité une déclaration qui porte à confusion. L’Arabie saoudite a, quant à elle, rappelé son ambassadeur à Berlin pour protester contre ses déclarations.