La Côte d'Ivoire mise sur le cacao durable
1 octobre 2019
La Côte d’Ivoire, pays essentiellement agricole, ne compte aujourd’hui plus que deux millions d’hectares de forêts.
Pour freiner la déforestation à travers l’agriculture et principalement la culture du cacao, une nouvelle approche de développement visant à la restauration des forêts et la biodiversité est mise en place dans le milieu agricole.
C’est ce qu'explique Vincent Ehougba, coordonnateur national de la filière café-cacao, à l’Agence nationale d’appui au développement rural (ANADER).
"Les bonnes pratiques agricoles, c’est comment produire du cacao en quantité et de bonne qualité. Donc nous nous mettons un accent sur l'agroforesterie. Aujourd’hui, il ne s’agit plus de faire du cacao en plein soleil. Dans toutes les exploitations de cacao, nous introduisons des essences forestières et des essences fruitières pour récréer un écosystème favorable au développement de la culture du cacao. Donc ça permet au producteur de produire plus longtemps sur son exploitation et avec un rendement constant.’’
Pour éviter que cette nouvelle méthode ne pénalise le producteur de cacao en termes de rendement, une nouvelle espèce de cacao baptisée Mercedes a été mise au point par des scientifiques ivoiriens.
Cette variété hybride offre une précocité de croissance et un meilleur rendement. Selon Vincent Ahougba de l’ANADER, ce nouveau cacao est donc plus rentable.
"Le cacao Mercedes, c’est l’avenir du cacao ivoirien. En milieu paysan déjà, nous pouvons aller avec ce cacao jusqu’à deux tonnes à l’hectare. Alors le producteur peut s’en sortir sur une petite superficie. Aujourd’hui c’est l’intensification de l’agriculture. L’agriculture itinérante, c’est fini. Il faut sédentariser le producteur sur une petite superficie et puis produire beaucoup et de bonne qualité."
Moussa Sawadogo, jeune producteur plusieurs fois désigné meilleur producteur de cacao du pays, a hérité d’une plantation traditionnelle. Petit à petit il a remplacé les anciens vergers par la nouvelle espèce de cacao Mercedes.
Avec cette espèce, il respecte l’environnement et nous explique sa méthode qui lui permet de produire en moyenne 49 tonnes de cacao par an.
"Pour cultiver le cacao Mercedes, il faut aussi planter beaucoup d’arbres. Parce que cette espèce ne supporte pas le soleil. Et puis pour cette nouvelle variété, nous utilisons le compost. Le compost est bio et protège mieux le sol que les produits chimiques."
Au nombre des enjeux auxquels doit faire face l'économie cacaoyère ivoirienne figure en bonne place celui de la gestion de la qualité.
Rosine Aké, productrice de cacao et présidente de coopérative, demande ainsi l'aide des pouvoirs publics pour développer une filière bio.
"Il serait intéressant que l’état puisse nous aider à attirer des partenaires et des formateurs pour nous apprendre à fabriquer de l’engrais bio, à fabriquer des insecticides bio, tout ce que nous pouvons fabriquer biologiquement qui peut enrichir le sol. Je crois que c’est cela que nous devrons véritablement faire."
La Côte d’Ivoire occupe une place essentielle sur le marché international du cacao. C’est pourquoi sa culture revêt une importance cruciale pour son économie.
Le cacao ivoirien fait vivre plus de six millions de personnes et représente 40% de la production mondiale. Il se trouve ainsi au centre d’une agriculture exportatrice qui constitue la clé de voûte de l’économie nationale depuis l’indépendance en 1960.