La France restitue des objets d'art au Bénin
Avant le retour prévu à la mi-novembre, les 26 objets d'art de l'ancien royaume du Dahomey seront exposés au Musée du Quai Branly à Paris.
Exposition spéciale à Paris
Près de 130 ans après leur entrée dans la collection française, les objets d'art vont être maintenant restitués au Bénin. Mais avant leur retour, les œuvres de l'ancien royaume du Dahomey (qui s'étendait le long de la baie du Bénin sur près de 300 km, de l'actuel ouest du Nigeria à l'actuel Ghana) feront l'objet d'une exposition spéciale à Paris du 26 au 31 octobre.
Un royaume redouté
Fondé au XVIIe siècle, le puissant royaume du Dahomey a existé pendant environ 260 ans, jusqu'à ce que les troupes françaises l'envahissent et finissent par conquérir le pays en 1890. Béhanzin (photo) est considéré comme le dernier souverain indépendant. Il a mené la résistance contre les envahisseurs, mais a finalement dû se rendre. Béhanzin a vécu en exil avec sa famille jusqu'à sa mort.
Statues royales
Au cours de la conquête par les troupes françaises en 1892, de nombreux objets, dont ces trois statues royales, ont été volés au palais royal d'Abomey et apportés en France. Ils y ont d'abord été exposés au musée ethnologique du Trocadéro avant de déménager en 2006 au musée du Quai Branly, initié par l'ancien président Jacques Chirac et qui a coûté plus de 235 millions d'euros.
L'arrivée au Bénin attendue avec impatience
Indépendant depuis 1960, a écrit au gouvernement français en 2016 pour demander la restitution de ses œuvres. Lorsque les œuvres d'art arriveront dans leur pays d'origine, elles seront d'abord exposées dans la maison du gouverneur, dans la ville côtière de Ouidah. Ensuite, elles seront envoyées à l'ancienne ville royale d'Abomey, où un tout nouveau musée doit être construit.
Une promesse tenue
En 2017, le président français Emmanuel Macron s'était engagé à faciliter une loi sur la restitution de l'art spolié. Jusqu'alors, les biens culturels détenus par la France étaient soumis à un cadre juridique particulier. En 2020, la loi permettant le transfert des collections a été adoptée.
L'épée d'El Hadj Omar
Outre la restitution des trésors d'art béninois, la France s'était engagée à l'époque à renvoyer au Sénégal une épée de grande valeur ayant appartenu au chef de guerre et érudit musulman El Hadj Omar. Il s'agit du premier retour effectué par la France dans une de ses anciennes colonies en 2019. Sur cette photo, le président sénégalais Macky Sall réceptionne l'épée.
Sculpture de valeur
Outre les statues royales mentionnées au début, d'autres insignes royaux, tels que des sceptres et des autels portatifs, seront restitués au Bénin. Cette chaise royale richement décorée sera également restituée à l'Afrique de l'Ouest. Outre le Bénin, le Sénégal, le Mali, le Tchad, la Côte d'Ivoire, l'Éthiopie et Madagascar ont présenté des demandes de restitution à la France.
Héritage perdu
On estime que l'Europe possède 90% du patrimoine culturel de l'Afrique. Les collections du Musée du Quai Branly à Paris contiennent à elles seules environ 70.000 œuvres d'art provenant d'Afrique subsaharienne. Plus de la moitié ont été acquises pendant la période coloniale française - des enquêtes sont actuellement en cours pour déterminer si elles proviennent d'un contexte d'injustice.
Restitutuion prévue pour la mi-novembre
D'autres pays européens se sont également engagés à restituer aux pays d'origine les œuvres d'art issues de l'injustice coloniale. L'Allemagne, par exemple, veut rendre au Nigeria les bronzes dits du Bénin à partir de 2022. En France, le président Macron signera les documents officiels de rétrocession au Bénin le 9 novembre. Les œuvres d'art devraient y arriver quelques jours après.