La guerre sans visage au Nigéria
9 mai 2014«Une guerre sans visage», titre die tageszeitung. La reporter du journal s'est rendue sur les lieux de l'attentat dans la gare routière de Nyanya, en périphérie d'Abuja, qui a fait au moins 19 morts et 80 blessés. Avec ses bombes mais aussi l'enlèvement des lycéennes, Boko Haram fait régner la terreur. «Oui, nous avons peur, dit un jeune homme. Tu pourrais dire aux Allemands qu'ils envoient des renforts, par exemple militaires, pour nous aider?» Les rumeurs courent sur ceux qui financent la secte. Qui sont-ils? Certains disent que ce sont des politiciens influents qui veulent encourager l'instabilité du pays avant les élections de 2015. Depuis des années, l'Etat refuse d'indemniser les victimes de Boko Haram ou les familles car cela «coûte trop cher». Les morts eux se multiplient. Et dans ce pays devenu première puissance économique, l'alimentation électrique de la capitale est de plus en plus mauvaise. Y habiter est trop coûteux, alors les Nigérians s'installent de plus en plus loin, attendant des heures dans les transports, en craignant un nouvel attentat. La Süddeutsche Zeitung rappelle elle les mots du chef de Boko Haram après l‘attaque à Abuja qui a fait 75 morts en avril. «Nous sommes dans votre ville mais vous ne savez pas qui nous sommes». Tout le pays s'attend à un nouveau drame.
Des combattants sans frontières
Die tageszeitung rappelle aussi que « le front de la guerre pour Dieu» se déplace. Les combattants musulmans du Nigéria et de Centrafrique ignorent les frontières. L'attaque d'un poste de gendarmerie de Kousseri au Cameroun porte la signature de Boko Haram. Un attentat dans cette ville située juste en face de la capitale tchadienne N'Djamena est un avertissement. Le Tchad est engagé auprès de la France contre les islamistes au Mali. Depuis l'attaque, les militaires à la frontière sont en état d'alerte. Les appels à l'unité se multiplient au Cameroun. Mais pendant ce temps, écrit le quotidien, les combats se poursuivent sans relâche au Nigéria et en République centrafricaine.
A l'occasion des élections en Afrique du Sud, le Tagesspiegel s'est intéressé à l'élite noire richissime du pays. Il a ainsi suivi la «Paris Hilton» du Cap, Khanyi Mbau. La jeune femme de 27 ans aime les mini-jupes et les talons hauts, les belles voitures, les fêtes chics et … les hommes riches, écrit le journal berlinois. Elle fait partie des «born free», ces sudafricains nés après la fin de l'apartheid. Mais c'est un exemple extrême, souligne le quotidien, dans un pays, champion des inégalités, où environ la moitié des Noirs est très pauvre. L'écart est visible entre les attentes et la réalité. Le Tagesspiegel évoque les parlementaires de l'ANC plus occupés à accroître leurs propres richesses qu'à faire baisser la pauvreté dans le pays. Ou encore le neveu du président Jacob Zuma, qui conduit une Mercedes achetée 250 000 euros, alors que 5000 travailleurs noirs de la mine d'or d'Aurora qu'il possède attendent leur salaire depuis des mois. L'intelligentsia noire critique ce matérialisme excessif de l'ANC et de l'élite noire. «L'Afrique du Sud est en grande détresse, elle souffre de deux maladies: la satisfaction immédiate de tous les désirs et la consummation extrême», explique l'écrivain Zakes Mda cité par le journal. La nouvelle élite noire se sent le droit d'accumuler les richesses de manière obscène, car ce fut pendant longtemps le privilège des Blancs. Et pour beaucoup de jeunes, la bimbo Khanyi Mbau est un exemple.
Soweto, un modèle?
Le magazine Spiegel s'est rendu à Soweto, le bidonville symbole de la pauvreté et de l'apartheid. Et qui est devenu la métropole de la musique et de la mode pour la jeune génération. Un bus rempli de touristes anglais, américains et allemands s'arrête dans le township, tout le monde veut voir la maison de Mandela. Soweto est devenu une ville de 2 millions d'habitants avec autoroutes, immeubles modernes, zones résidentielles, banques, … L'Etat a injecté des milliards de rands pour l'alimentation en eau et en électricité, les services municipaux y fonctionnent mieux que le reste du pays. Il a fait de Soweto son projet phare : c'est la nouvelle Afrique du Sud, écrit le Spiegel. Ces dix dernières années, la valeur des habitations a augmenté de 400%. Les jeunes créateurs –artistes, musiciens, designers - s'y retrouvent avec fierté : leur origine n'est plus synonyme de stigmatisation, mais plutôt marque de prestige. Ils ont inventé le «style Soweto». En musique, Kwaito, le hip hop d'ici, a conquis toute l'Afrique.
Mais derrière le modèle, tout n'est pas si rose. A Soweto, 40% des habitants n'ont pas de travail, explique un père de famille. «Ici nous consommons mais nous ne produisons rien. C'est un problème que l'on retrouve ailleurs en Afrique.» Il cite l'exemple du pain. A peu près 2 millions de pains sont mangés chaque jour dans la ville. Mais ils viennent de l'extérieur car il n'y a aucune boulangerie ! «Il y a un manque d'initiative pour entreprendre car les gens n'ont pas les connaissances nécessaires,» conclut-il. Mais il se réjouit tout de même : il a mieux réussi que ses parents.
Die Welt publie un reportage sur «l'ogre du lac Victoria», le crocodile mangeur d'hommes. Et il fait froid dans le dos! En mars, un crocodile de 800 kilos a été découvert, il avait dévoré au moins 6 personnes. Depuis 2000, 340 personnes ont été tuées par ces bêtes. Près de 80 ont été attrapées et envoyées dans les parcs nationaux. Mais elles ont fini par rejoindre les lacs Victoria, Albert, Kiyoga et le Nil Blanc et y répandent la terreur. Cet appétit des crocodiles pour les hommes est causé par la surexploitation des lacs, note le journal. Ils n'ont plus assez de poissons à manger alors ils s'attaquent aux baigneurs et aux pêcheurs. Selon un expert, il faudrait faire davantage de prévention auprès des pêcheurs, qu'ils donnent l'alerte dès qu'ils voient une bête ou pour qu'ils utilisent des bateaux plus gros ou. Sauf que cela coûte cher. Et comme le dit un pêcheur, ici, nous faisons tout à la main.