La population burkinabè appelée à agir pour sa sécurité
6 janvier 2020Dans un nouveau rapport publié ce lundi 6 janvier, Human Rights Watch (HRW) dénonce le massacre par des djihadistes de plus de 250 civils dans le pays depuis avril 2019. L'organisation appelle le gouvernement à mieux protéger les civils qui souffrent de ces violences et perdent leur confiance dans les forces de l’ordre sensées les protéger.
Ce manque de confiance entre les forces de l’ordre et les populations a souvent conduit à des exécutions sommaires, regrettent des acteurs de la société civile du Burkina Faso.
Dans un rapport publié en juin dernier, HRW condamnait ces exécutions.
Le porte-parole du gouvernement burkinabè Rémis Fulgance Dandjinou demande pour sa part aux populations de fournir plus de renseignements aux forces de sécurité :
"C’est vrai que les populations doivent avoir confiance. Et c’est pour cela que les ministres de la Sécurité et de la Défense appellent les populations à être des acteurs de notre défense, soit par le biais de cette loi pour les volontaires de la patrie que nous allons voter à l’Assemblée début janvier, soit par la participation au renseignement et au respect des consignes de sécurité."
La méfiance de la population
Acteur de la société civile, Guy Hervé Kam reconnaît que les relations entre les forces de l’ordre et les civils sont difficiles.
Les populations redoutent notamment d’être exécutées par les djihadistes lorsqu’elles fournissent des renseignements aux autorités. Mais les populations ne sont pas réticentes a priori, assure l’activiste :
"Les populations nous ont dit qu’elles donnaient des informations aux forces de l’ordre mais que celles-ci ne réagissaient pas. Lorsque les terroristes frappaient, c’était dans la foulée, comme des mesures de répression contre les populations soupçonnées de coopérer avec les forces de l’ordre. Aussi, les populations considèrent que lorsque les forces de l’ordre interviennent suite aux attaques des terroristes, elles le font de manière indiscriminée."
Le G5 Sahel à Pau
Dans son rapport, Human Rights Watch affirme que des civils ont été tués avec une extrême cruauté.
Corinne Dufka, directrice de l’organisation pour l’Afrique de l’Ouest, insiste sur le fait que les forces de l’ordre n’ont pas le droit d’attaquer des personnes non armées :
"Chaque groupe armé, soit gouvernemental, soit non gouvernemental, a la responsabilité dans la guerre de faire une distinction entre une personne armée et les populations non armées."
La semaine prochaine, le président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré, avec ses homologues des pays du G5 Sahel, doivent se rencontrer à Pau, dans le sud de la France, afin de discuter des modalités de l’intervention de la force militaire française Barkhane au Sahel.