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Histoire

La reine Abla Pokou : mère du peuple Baoulé ivoirien

22 avril 2021

La reine Akan Abla Pokou a conduit son peuple du Ghana actuel à la Côte d'Ivoire pour fonder la nation Baoulé.

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La première reine des Baoulés
La première reine des Baoulés

Racines d'Afrique : Abla Pokou

Abla Pokou naît au début du 18ème siècle. Elle est la nièce du roi Osei Tutu, co-fondateur de l'empire Ashanti dans l'actuel Ghana. À sa mort, une guerre de succession éclate et Dakon, le deuxième frère d'Abla Pokou, l'un des héritiers du trône, est tué. Craignant pour sa vie et sa famille, Abla Pokou s'enfui.

Racines d'Afrique : Abla Pokou

Une fuite avec son peuple

Abla Pokou prend la route avec toutes les personnes qui sont loyales à Dakon et qui refuse de voir Opokou Waré sur le trône. Elle rassemble alors une caravane massive et conduit le peuple en direction des terres qui sont la Côte d'Ivoire d'aujourd'hui.

Un fleuve à traverser

La légende raconte que, lors de leur fuite, la reine Abla Pokou et ses partisans se retrouvent bloqués au bord du fleuve Comoé, une frontière naturelle entre l'actuel Ghana et la Côte d'Ivoire. Le fleuve, à son plus haut niveau en raison des fortes pluies, est infranchissable. La reine Abla Pokou consulte alors le sage qui les accompagne. Celui-ci lui explique que, pour traverser le fleuve, les dieux du fleuve exigent un sacrifice sous la forme d'un enfant de la noble lignée. Abla Pokou décide alors, peu après, de jeter son propre enfant dans la rivière.

La traversée du fleuve Comoé
La traversée du fleuve Comoé

La légende raconte alors l'événement incroyable qui se produit : les arbres sur la rive plient leurs troncs pour faire un pont. Une autre version raconte que d'énormes hippopotames sont apparus et se sont alignés pour créer une passerelle permettant à Abla Pokou et son escorte de traverser la rivière.

"L'enfant est mort"

Après la traversée, Abla Pokou salue ses compagnons et dit "Bâ wouli", ce qui signifie "L'enfant est mort". Cette phrase pourrait être à l'origine du nom du peuple baoulé ("ba wouli"), qui vit aujourd'hui en Côte d'Ivoire. "La reine Abla Pokou n'a probablement pas sacrifié d'enfant", dit aujourd'hui Kouamé René Allou, professeur d'histoire à l'Université Félix Houphouët-Boigny. "Il y a aussi des moments dans l'année où le fleuve Comoé est si bas qu'on peut le traverser à gué, grâce aux rochers qui apparaissent à la surface".

Après la traversée du fleuve, le peuple baoulé s'installera dans la région. La reine Abla Pokou vivait à Namounou, dans la région de Bwake, non loin du village d'Akawa. Namounou signifie "s'occuper de la mère", les gens devaient s'occuper d'Abla Pokou à cet endroit. Malheureusement, le village de Namounou a été déserté à la mort de la reine. Elle a été enterrée dans la rivière N'draba. Akawa Boni, qui lui a succédé, est allé s'installer à Sakassou.

Le portrait audio de la reine Abla Pokou

Une légende qui perdure

La reine Abla Pokou est toujours célébrée dans la littérature orale et écrite au Ghana et en Côte d'Ivoire. En revanche, il est difficile aujourd'hui de trouver des représentations d'Abla Pokou puisqu'il n'y a pas de monument ni de musée à sa mémoire, à l'exception d'une statue en métal sur la place de la République à Abidjan. Dans le domaine de la mode, certains créateurs ont créé des styles portant le nom de la célèbre reine Abla Pokou.

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Les professeurs Doulaye Konaté, Christopher Ogbogbo et Lily Mafela ont contribué à la réalisation de ce récit qui fait partie de la série "Racines d'Afrique". Une série de la Deutsche Welle, en coopération avec la fondation Gerda Henkel.

Vue aérienne sur Abidjan, le pont de Cocody et le stade de football
Julien Adayé Correspondant en Côte d'Ivoire pour le programme francophone de la Deutsche Welle@AdayeJulien