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La scolarisation des enfants : enjeu crucial en Afrique

11 janvier 2023

L'Unicef juge critique la déscolarisation des enfants en Afrique. C'est là, que l’on note les taux les plus élevés d’exclusion de l’éducation.

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Une école vide à Kaduna au Nigeria après un enlèvement
De moins en moins d'enfants dans les écoles situées en zone de conflits en Afrique (photo d'illustration)Image : Kola Sulaimon/AFP/Getty Images

En considérant l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale, ce sont plus d’un cinquième des enfants âgés d’environ six à onze ans qui ne sont pas scolarisés. Cette proportion monte à un tiers pour les enfants de douze à quatorze ans.

Dans l’entretien qu’elle nous a accordés, Macoura Oulare, du bureau régional de l'Unicef pour l'Afrique de l'Ouest et centrale, précise que dans cette zone géographique, 57 millions d'enfants ne sont plus dans le système scolaire à cause de l’insécurité et des conflits.

Rien que pour le Sahel, ce chiffre est de douze millions.

Spécialiste en éducation, Pierre Sawadogo rappelle que plus il y a un nombre d’enfants non scolarisés, plus il y a une carence au niveau des emplois et plus largement du développement économique d’un pays.

Une école dans l'état de Zamfara au Nigéria après l'enlèvement d'écolières (photo d'illustration)
De moins en moins d'enfants dans les écoles situées en zone de conflits en Afrique (photo d'illustration)Image : Kola Sulaimon/AFP/Getty Images

Il insiste également sur le refus de l’autre, le refus de vivre ensemble et les conséquences que cela peut avoir au sein de la société.

"La non scolarisation des enfants développe le sentiment de repli sur soi et c’est ce qui occasionne toutes les formes d'extrémisme violent et impacte sur les questions de la paix en Afrique de l’Ouest. "

Pour Pierre Sawadogo, la priorité donnée à la lutte contre les groupes armés fait qu’au sein d’un Etat, les arbitrages budgétaires se font le plus souvent au détriment  du secteur de l’éducation. " Ce sont des milliers d’écoles qui se ferment et il est bon de se demander quel moyen avons-nous pour scolariser ces milliers d’enfants de familles qui sont en fuite ? "

Quel avenir pour ces enfants déscolarisés ?

Ousmane Zina est maître de conférences, agrégé de sciences politiques à l'université de Bouaké en Côte d’Ivoire. Il souligne le fait que certains Etats, comme la Côte d’Ivoire, expérimentent les écoles de la seconde chance.

Ces établissements ont pour ambition de récupérer les enfants qui ont quitté l’école trop tôt. Mais, ajoute-t-il, l’autre enjeu concerne l’évolution démographique du continent.

"La question de la massification dans les écoles et dans les universités qui se pose aujourd’hui sur le continent ne va pas s’arrêter parce que la démographie continuera d’avancer. Et on sait très bien que la jeunesse africaine pèsera dans quelques années plus de la moitié de la jeunesse mondiale. Il va falloir faire avec et repenser les stratégies d’intégration socio-professionnelle de ces jeunes. "

Rappelons, comme le précise Macoura Oulare de l’Unicef, que les enfants déscolarisés, dans une sorte de spirale dramatique, sont plus souvent victimes de viols, de violences sexuelles et de mariages précoces.

DW-Redaktion Afrika-Französisch
Wendy Bashi Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welle@WenBash