La Turquie prise au piège de Daech ?
22 juillet 2015La Turquie a décidé de renforcer la surveillance de sa frontière avec la Syrie.
La Frankfurter Allgemeine Zeitung revient sur le contexte de l'attentat qui a visé un groupe de jeunes militants de gauche qui voulaient aller aider à reconstruire la ville de Kobane, en Syrie, reprise par les Kurdes au groupe « Etat islamique ». Le Premier ministre turc a appelé la population à faire montre d' « unité nationale », tandis que plusieurs partis d'opposition ont organisé des marches de protestation contre le gouvernement, accusé de complaisance vis-à-vis du terrorisme.
Vulnérable Turquie
La Süddeutsche Zeitung va plus loin en s'interrogeant sur les répercussions à plus long terme de l'attentat de Suruç, qui montre à quel point la Turquie est vulnérable. Si c'est bien le groupe « Etat islamique » qui a fomenté l'attentat, cela prouve combien la Turquie s'est fourvoyée en Syrie. Longtemps, le président Erdogan a sous-estimé la menace constituée par le groupe « Etat islamique », écrit le quotidien. Et, plus encore, les autorités turques ont aussi permis d'alimenter le groupe terroriste en laissant leurs frontières ouvertes avec la Syrie. Sans oublier qu'Erdogan, déçu par le président syrien, s'est fixé pour objectif premier de renverser Bachar al-Assad, ce qui était plus important pour lui que de contrer les milices djihadistes.
Le pari anti-kurde?
La tageszeitung estime que l'un des objectifs des islamistes, auteurs présumés de l'attaque de Suruç, était de creuser encore les dissensions entre le gouvernement turc et les Kurdes. L'attentat va contraindre le président Erdogan à prendre position. Si son gouvernement intérimaire ne combat pas plus activement le groupe « Etat islamique », sur son territoire, et au sein de la coalition internationale, cela reviendra, dans les faits, à déclarer la guerre aux Kurdes. Et donc à renoncer à former un gouvernement de coalition avec eux, ce qui provoquerait la tenue de nouvelles élections à l'automne. Auquel cas Recep Tayyip Erdogan risquerait fort de jouer à nouveau la carte nationaliste antikurde, pour reconquérir l'électorat de droite.