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L'Afrique, plus touchée par la guerre en 2020

30 décembre 2020

Un groupe de chercheurs de l'Université de Hambourg recense une dizaine de situations de guerre en Afrique en 2020. Un triste record mondial.

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Un soldat malien se cache derrière un véhicule militaire en plein échange de tirs avec des djihadistes à Gao (Archives - Gao, 10.02.2013)
Le Mali se bat contre des groupes armés djihadistes qui occupent une grande partie du nord du pays Image : picture-alliance/AP Photo

Une dizaine de conflits armés, anciens ou nouveaux, se poursuivent sur le continent africain ce qui en fait la région du monde la plus touchée en 2020. C'est la principale conclusion à laquelle a abouti le groupe de travail "Recherche sur les causes de la guerre" de l'université de Hambourg, dans le nord de l'Allemagne.

L'étude publiée mi-décembre recense par ailleurs au total 29 conflits armés dans le monde, soit un de plus qu'en 2019.

Deux nouveaux conflits ont éclaté en 2020 à savoir le conflit au Tigré en Ethiopie et celui entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan au Nagorny Karabakh.

Les pays d'Afrique de l'Ouest en tête

Wolfgang Schreiber : "Les ressources jouent toujours un rôle"

Le groupe de travail "Recherche sur les causes de la guerre" de l'université de Hambourg existe depuis plus de trente ans. Les experts examinent l'évolution des conflits armés dans le monde et publient chaque année un rapport.

Tandis que l'Afrique subsaharienne enregistre dix situations de guerre, l'Afrique du Nord et l'Asie centrale concentrent neuf conflits armés. Il y en a huit en Asie, un en Amérique Latine et un en Europe. 

Un conflit oppose soit des Etats entre eux, ou bien un Etat qui fait face à une autre partie comme un ou plusieurs groupes rebelles, ou encore des organisations terroristes. L'accent est mis, moins sur l'intensité du conflit que sur la fréquence des affrontements.

En Afrique, le Mali, le Burkina Faso, le Niger, le Nigeria, le Tchad et le Cameroun sont touchés par des conflits armés dont la source est souvent communautaire.

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"Souvent il y a une communauté qui se sent désavantagée et en plus il y a le facteur de l'organisation de la lutte au nom de cette communauté", explique Wolfgang Schreiber, l'un des auteurs de l'étude.

La naissance du conflit suit un processus qui passe d'abord par le choix des meneurs. "La capacité de mobilisation est déterminante et ensuite il y a le choix entre la violence et la lutte pacifique, sachant que les protestations pacifiques peuvent aussi dégénérer. Un autre élément imprévisible est la disponibilité d'armes à feu quand il existe déjà dans le voisinage un conflit armé. C'est le cas au Cameroun et au Nigeria", pense le chercheur Wolfgang Schreiber. 

Les ressources naturelles, un enjeu stratégique

D'autres sources de conflit sont les querelles politiques autour du contrôle du pouvoir comme au Soudan du Sud ou au Burundi.

Près de Bunagana dans le nord de Goma, un détachement de l'armée congolaise déployé pour combattre le groupe armé du M23 (Archives - Nord Kivu, 01.11.2013)
Dans l'Est de la RDC, des groupes rebelles sont accusés d'exploiter des minerais pour se financerImage : Reuters/Kenny Katombe

Le contrôle des ressources naturelles joue également un rôle, selon l'expert Wolfgang Schreiber.

"Les ressources jouent toujours un rôle car chaque guerre nécessite du financement. Il faut payer les combattants et acheter des armes", relève-t-il.

"Beaucoup concluent que pour ce qui concerne les ressources, elles sont la raison et la cause de la guerre. Nous ne le dirions pas ainsi car les ressources sont une condition parmi d'autres, comme la circulation des armes. Bien sûr, les acteurs font la guerre pour s'enrichir et il n'y a pas que les chefs qui envoient des millions dans des paradis fiscaux ! Il y a également les moins gradés qui vivent des pillages…", ajoute l'expert du groupe de travail "Recherche sur les causes de la guerre" de l'université de Hambourg.

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Tout en mettant en garde contre la théorie du complot, l'expert souligne enfin que, dans des cas comme au Mali et dans le Sahel, des acteurs extérieurs qui sont en général des Etats ou des entreprises, profitent à des degrés divers de la guerre. Leur intervention est plus déterminée par leurs propres intérêts que par des raisons humanitaires, soutient Wolfgang Schreiber.

Photo de Fréjus Quenum, en interview dans le studio de la Deutsche Welle à Kinshasa en RDC (05.12.2024)
Fréjus Quenum Journaliste, présentateur et reporter au programme francophone de la Deutsche Welle@frejusquenum