L'Allemagne, Mandela et l'Apartheid
6 décembre 2013Durant les années 1970 et 1980, des initiatives ont vu le jour en Allemagne pour réclamer des sanctions contre le régime ségrégationniste, et exiger davantage de droits pour les noirs, ainsi que la libération des prisonniers politiques, parmi lesquels le plus célèbre était bien sûr Nelson Mandela.
En 1988, un grand concert est organisé à Wembley, en Grande-Bretagne. Cette mobilisation de grands artistes internationaux a contribué à sensibiliser les masses à l'horreur du régime d'Apartheid. C'est le cas de notre collègue Alexander Göbel. Il avait à l'époque 13 ans :
« Pourquoi est-ce que certains ont tout et d'autres rien ? Oui, Nelson Mandela, c'est par la musique que j'ai appris ton existence. Tous les livres, je les ai lus après. Et ensuite, tous mes voyages en Afrique m'ont toujours ramené à ton histoire. »
Ce concert est encore dans de nombreux esprits, mais la prise de conscience, au nom du « principe de solidarité » avec les Sud-Africains discriminés a commencé au milieu des années 1970, en Allemagne de l'ouest. A l'époque, c'est la Guerre froide et l'Allemagne est coupée en deux.
La RDA soutient l'ANC, la RFA est plus floue
En Allemagne de l'Est, les autorités communistes soutiennent ouvertement l'ANC, qui réclame notamment la nationalisation de l'économie sud-africaine.
Et des milliers de cadres de l'ANC viennent se former en RDA. L'Etat est-allemand organise même des campagnes dans les écoles, pour envoyer des dessins à Nelson Mandela dans sa dernière prison.
Côté occidental, les Etats continuent de faire du commerce avec le régime d'Apartheid, à lui acheter de l'uranium, à lui vendre des armes. En 1974 se crée l'AAB, le mouvement allemand anti-apartheid. Ce mouvement va jusqu'à publier, grâce au soutien de l'ANC, la correspondance de grandes entreprises allemandes avec le pouvoir sud-africain. En 1978, l'AAB convoque un sommet international sur la coopération militaire et nucléaire de la RFA avec l'Afrique du Sud. Cette rencontre fait du bruit car l'année d'avant, l'ONU avait décrété un embargo sur les exportations de matériel militaire vers ce pays.
Petit à petit, la mobilisation prend de l'ampleur
Les appels à des sanctions économiques et au boycott des banques allemandes qui collaborent avec le régime sud-africain se multiplient. Des mouvements de femmes, des membres de l'Eglise protestante, des militants de gauche et du nouveau parti écologiste se mobilisent. On appelle même les Allemands à ne plus acheter de fruits en provenance d'Afrique du Sud.
Et puis le 11 février 1990, Nelson Mandela est libéré. Dès le mois de juin de la même année, il effectue une visite à Bonn. Il réclame à la RFA de maintenir ses sanctions envers l'Afrique du Sud. Une position soutenue par Ingeborg Vick (écoutez ici). Elle préside alors le mouvement allemand anti-apartheid et s'en explique sur nos ondes. Nous sommes en juin 1990.
A la visite suivante de Nelson Mandela en Allemagne. Il était président d'Afrique du Sud et l'Allemagne était réunifiée. Mais cela est une autre histoire