L'après Abou Bakr al-Baghdadi
28 octobre 2019Le terroriste le plus recherché au monde se serait fait exploser lors d'une opération commando américaine au nord de la Syrie. C'est ce qu'a annoncé le président Donald Trump ce dimanche 27 octobre depuis la Maison Blanche
"Leur leader est mort, l'Etat islamique est vivant", réagit la Süddeutsche Zeitung, qui est du côté de ceux qui estiment que si "Donald Trump croit avoir définitivement vaincu le monstre en lui coupant la tête, il se trompe."
Pour le journal, les djihadistes de l'EI n'ont jamais été fascinés par leur leader mais par l'idée d'un nouveau califat". La mort d'Al Baghdadi ne peut ainsi pas être comparée avec celle d'Oussama Ben Laden, tué par les américains en 2011.
Le chef d'Al Qaïda était omniprésent, "ses portraits se retrouvaient imprimés sur des posters et des affiches dans le moindre recoin de la Terre, alors que "Al Baghdadi n'a jamais été un leader charismatique" et sa présence médiatique quasi inexistante.
Ce qui compte, c'est le vide qui existe en ce moment à la frontière entre la Syrie et l'Irak, dont "les djihadistes vont profiter", eux qui ont pu s'échapper par centaines des prisons kurdes, profitant de l'offensive turque au nord de la Syrie après le retrait des troupes américaines.
Stratégie illisible
La Zeit Online ajoute que "à aucun moment Al Baghdadi n'a été le seul dirigeant au sein de l'EI. Il n'a pas été impliqué dans toutes les décisions importantes. Sa mort ne signifie donc pas que l'Etat islamique se retrouve d'un instant à l'autre sans leadership."
Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, il s'agit néanmoins d'une "victoire d'étape contre le terrorisme", près de six ans après qu'Al Baghdadi eut "dupé les Américains lorsqu'il prenait presque sans aucune opposition le contrôle de grandes villes irakiennes."
Sa disparition met aussi fin à une "propagande qui célébrait le caractère intouchable" du chef de l'Etat islamique. Dommage, regrette le quotidien - qui rappelle que des informations des forces kurdes ont été déterminantes - que Donald Trump "ne déduit pas de cette opération réussie que maintenir la présence de troupes américaines serait aussi dans l'intérêt des Etats-Unis. Il préfère s'immuniser des critiques contre le retrait en annonçant le torse bombé qu'Al Baghdadi est 'mort comme un chien'."
Brexit, troisième report
L'actualité est aussi marquée par le feu vert de l'Union européenne, qui a accepté de reporter pour la troisième fois la date de sortie du Royaume-Uni. Cette fois jusqu'au 31 janvier.
Une conséquence directe de ce nouveau délai, explique la Tageszeitung, est que "Londres doit finalement quand même dépêcher un commissaire européen à Bruxelles", alors que la nouvelle cheffe de la Commission prend ses fonctions le 1er novembre et que chaque Etat membre de l'Union européenne dispose d'un commissaire. "Boris Johnson mais aussi la nouvelle présidente Ursula Von der Leyen voulait éviter ce moment embarrassant."
Aussi, l'Union européenne veut désormais "éviter que le Parlement ou le Premier ministre britannique tentent une nouvelle fois de revoir l'accord conclu avec Bruxelles, qui a envoyé un message clair pour faire pression sur Londres, à savoir : c'est ce deal ou aucun deal".