Le PPA-CI choisit Laurent Gbagbo pour la présidentielle
10 mai 2024De retour sur la scène politique, en octobre 2021, Laurent Gbagbo s’était montré déterminé à propulser son parti, le PPA-CI, dans la cour des grands.
En dépit de son âge, et du fait que ses années de prison passées à la Cour pénale internationale ont affecté sa santé, Arnaud Kouamé Kossonou, venu du nord-est, et Bénédicte Murielle Doué, qui, elle, vient de l’ouest montagneux, estiment que Laurent Gbagbo est le seul candidat en mesure de conduire leur parti au pouvoir, en 2025.
"Il y a tellement de jeunes autour du président Laurent Gbagbo, mais le président Laurent Gbagbo, lui, c’est un fétiche pour nous. Et il y a un adage qui dit que quand la tête est là, le genou ne porte pas le chapeau. Donc, pour l’instant, on désigne le président Laurent Gbagbo et c’est à lui de décider", explique Arnaud à la DW.
"Certes, physiquement, il est fatigué, mais il a des choses à donner encore au peuple ivoirien et c’est en ça que nous croyons. C’est pour cela que, étant notre mentor, nous, militants du PPA-CI, nous venons aujourd’hui pour le désigner, pour qu’il soit notre candidat aux élections de 2025", reconnaît Bénédicte Murielle.
Gracié mais pas amnistié
Laurent Gbagbo reste pourtant inéligible en raison de sa condamnation, en 2018, à 20 ans de prison pour l’attaque de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest. Gracié il y a deux ans par le président Alassane Ouattara, il n’a cependant pas été amnistié.
Toutefois, ses partisans espèrent rétablir ses droits avant le scrutin présidentiel de l’année prochaine.
Sébastien Danon Djédjé, président exécutif du PPA-CI, estime que "la priorité, c’est l’inscription du président Laurent Gbagbo sur la liste électorale. Nous devons engager tous nos efforts pour que la CEI (Commission électorale indépendante, ndlr) ne soit pas la CEI d’aujourd’hui. Donc le parti va se mettre en ordre de bataille pour que l’élection soit organisée de façon crédible, de façon transparente et de façon inclusive dans notre pays".
Pour l’analyste Geoffroy Kouao, la présidentielle de 2025 risque ainsi de ressembler au second tour de celle de 2010. Car si Alassane Ouattara, âgé pour sa part de 82 ans, et Laurent Gbagbo refusent de faire de la place à une nouvelle génération, c’est bien, selon lui, parce qu’ils ont échoué dans la formation de leur jeunesse.
Renouvellement de la classe politique
"Cela pose un problème de ressources humaines au sein des partis politiques ivoiriens", constate Geoffroy Kouao.
"Si le RHDP et le PPA-CI choisissent encore monsieur Ouattara et monsieur Gbagbo comme candidats, nonobstant leur âge très avancé, c’est la preuve que ces partis ont échoué sur la formation politique de leurs militants. De sorte qu’aujourd’hui, il n’y a pas de cadre capable de succéder à monsieur Ouattara et à monsieur Gbagbo."
Acquitté par la Cour pénale internationale de crime contre l’humanité commis lors de la crise postélectorale de 2010-2011, Laurent Gbagbo, même gracié pour le « braquage » de la banque de la BCEAO, ne peut donc, pour l’instant, pas se présenter à l’élection présidentielle d’octobre 2025. Il ne jouit toujours pas de ses droits civiques.